Mais bon, blague à part, reprenons notre cheminement autour de STavRos, de notre Pieu qu’on PLaNTe et qui se DReSSe, iMMoBiLe et oFFiCiel. On retrouve « ShaTa » dans STiRPS, la SouChe, la RaCiNe. Rappelez-vous ShoReSh en hébreu la racine, la souche dont je vous parlais il y a un an. STiRPS d’un côté ShoReSh de l’autre.
De STiRPS dérive par exemple notre eXTiRPer: extirper c’est retirer un pieu planté dans le sol. Extirper qui en hébreu se dit NaTaSh … Et oui 🙂 Mais ne restez pas planté là les bras ballants et continuons avec STiPeS, le tronc qui est planté justement, et STiPuLa la TiGe, d’où provient aussi un terme bien connu des JuRiSTes, STiPuLor, qui signifie STiPuLer, prendre un engagement formel.
On retrouve le BâToN en Egyptien avec TISuW, mais aussi en anglais avec STaFF – et STiFF, RaiDe comme un bâton - et la SouChe, STuB, qui signifie aussi un BouT qui dépasse et sur lequel on TRéBuChe, STuMBLe en anglais, quand on est STuBBoRN (comme un Pharisien). D’ailleurs, un bâton ça sert à BaSTonner – en particulier les STuPiDes et les SoTs – vous savez de qui je veux parler. Tout comme un FûT sert à FuSTiGer, et un PiLoN, un PiSToN sert à pistonner, du latin PiSTo, qui signifie le pilon. Pilon qui en hébreu se dit – KeTeSh.
Et ce détour par le bâton et le pilon me permet de revenir au champ sémantique du dur avec en grec KaSToN, le BoiS, et d’où dérive notre ChâTaiGNier au bois dur, et le CaSToR cet animal qui, comme chacun sait, « mange » le bois. « Ka Sa Ta » qu’on retrouve dans l’anglais CaST, qui signifie jeter mais a aussi un tout autre sens, très différent, de mouler ce qui va durcir. « Ka Sa Ta » qu’on retrouve aussi dans notre ChâTeau, notre CaSTel, de CaSTellum en latin - ShaTo en hébreu – non ça c’est juste pour rire, c’est mon côté Trickster. Mais reconnaissez que ça aurait été pas mal quand même. Le ShaTo qui se DReSSe, DuR 🙂
Mais revenons à ce Pieu, ce BâToN qui se PLaNTe. Quand on l’eXTiRPe, que reste-t-il ? Un TRou. Et à force de le retirer et de le replanter, que doit-on faire pour lui permettre de rester bien droit ? On doit TaSSer le SoL autour du trou. On doit l’eSTouPer.
Comment, vous ne connaissez pas le mot « estouper » ? Mais enfin, on ne vous apprend vraiment plus rien à l’école ma parole. « Estouper », c’est un verbe en vieux français qui signifie BouCher un trou avec de l’éTouPe par exemple, qui a donné éTouFFer – et que l’anglais a conservé avec le verbe ShuT mais surtout avec le verbe SToP et le mot STuFF. STuFF c’est l’étoupe qui sert à SToPPer une FuiTe, mais aussi à CaLer et CoiNCer le bâton dans son trou: to stick the stick – où STiCk a deux sens, celui de bâton mais aussi celui de coincer.
Ce sens de coincer, on le retrouve en grec dans STuFô qui signifie contracter, SeRRer, dans STéNoô qui signifie éTRoiT, et en latin dans STRiNGo qui a donné STRiCTus, et STRaNGuLo qui signifie serrer fortement (qu’on a déjà rencontré autour d’eSSoRer), et dont dérive le fameux STReSS. Et comme dit mon père, « du stress il ne sort que du bon ! » 😳.
Et pour terminer, qu’est-ce qui se bouche ? La BouChe pardi ! Ben oui, la bouche ça se bouche ! Et on retrouve ce double sens dans le mot grec SToMa qui signifie à la fois une PoiNTe, une bouche, et l’eMBouChure d’un fleuve – et d’où dérive notre eSToMaC. L’étoupe qui coince le pieu, ça vous en bouche un CoiN avouez non ?
Ah mais ça y’est, voilà que ça recommence à rire dans le fond de la classe chez les Freudiens ? Comment ? Cette histoire de contraction ça vous fait penser au PeNis coincé dans le VaGiN ou dans la bouche ? Décidément, vous avez vraiment les idées mal placées.
Allez revenons plutôt à cette merveilleuse étoupe qui estoupe – ou étouffe - et cette bouche qui se bouche, que dit-on quand on veut faire Taire quelqu’un, par exemple un linguiste ou un anthropologue pharisien ? ChuT ! TaiSez-vous ! et en hébreu, ShTowQ ! ou ṢTowM ! Alors c’est vrai que là c’est pas un Sin, mais un Samekh, mais le Samekh c’est un petit coquin – on y reviendra un jour. D’ailleurs, on rencontre bien ṢaTaM avec ce sens de taire dans les Lamentations au chapitre 3 verset 8.
Et maintenant que vous avez une bonne compréhension de « ShaTa » au Paléolithique, vous êtes prêt pour une relecture « éclairante » d’un passage très important de la Bible. Car oui, puisque mes amis chrétiens ont eu droit à un commentaire original des Evangiles, je ne peux pas laisser mes amis juifs repartir les mains vides.
Ce passage, c’est celui du livre des Nombres, au chapitre 24, dans lequel le roi de MowʔaB, BaLaQ, demande au prophète BiLʕaM de maudire Israël, et où, du fait de l’intervention divine, BiLʕaM va au contraire bénir Israël par trois fois. Cette histoire, c’est aussi une histoire de « ShaTa », comme vous allez le comprendre.
Tout d’abord, au 1er verset du chapitre 24, on retrouve « ShaTa » dans « VaYaSheT ʔeL HaMiDBaR PaNaYV » qu’on traduit par « il tourna son visage vers le désert ». Mais vous savez maintenant que ce n’est pas de tourner dont il s’agit, mais « il se PLaNTa face au désert ».
Mais surtout le prophète BiLʕaM est appelé « HaGeBeR SheTuWM HaʕaYiN » qu’on traduit par « l’homme au clairvoyant regard ». Mais là, mes enfants, je crois qu’on a fait fausse route. BiLʕaM était clairvoyant ça c’est sûr – mais ça n’est pas ça le plus important. Le plus important c’est qu’il avait, non pas l’œiL percé, mais l’œil eSTouPé. Et oui - BiLʕaM était non-voyant.
Personne n’a encore jamais fait ce rapprochement – seule la linguistique Paléolithique nous le permet. Mais le fait que BiLʕaM était aveugle explique beaucoup de choses dans cette histoire – qui est fondamentalement une histoire de « ViSion ». La vision qu’on connaît le plus, c’est celle du chapitre 22, verset 23, où l’ânesse de BiLʕaM voit un ange et s’arrête sur le chemin, alors que BiLʕaM ne le voit pas jusqu’à ce que Dieu dévoile ses yeux – « VaYaGeL » - au verset 31.
Il y a aussi le fait que BaLaQ prend littéralement BiLʕaM par le bras, avec le verbe « LaQa’H » pour le balader et le PoSer, le PLaNTer, en haut des différentes collines, par exemple au chapitre 22, verset 41. Il y a aussi cette expression où BaLaQ décrit que les enfants d’Israël ont recouvert l’œil de la terre, pour décrire qu’ils sont nombreux, au chapitre 22, verset 5, et il y a l’utilisation du verbe ʔaRaR pour exprimer la malédiction, et qui signifie aussi la lumière – comme je vous en parlais dans ma vidéo sur le son « Ra ».
Ensuite au chapitre 23, BiLʕaM demande à BaLaQ, au roi, de construire un autel – alors que généralement, la construction d’un autel, c’est très personnel. C’est possible que cela soit un moyen d’humilier le roi, mais c’est beaucoup plus compréhensible si BiLʕaM est incapable de le faire lui-même. Ensuite, au verset 3, BiLʕaM dit qu’il va chercher Dieu, qui lui dira ce qu’il lui fera voir. Expression qui là encore prend tout son sens si BiLʕaM est aveugle.
Ensuite, au verset 21, BiLʕaM récite « Il n’aperçoit point d’iniquité en Jacob, il ne voit point de mal en Israël ». Il ne dit pas ce que lui-même aperçoit ou ce que lui-même voit, mais ce que Dieu voit ou aperçoit. Mais ça n’est pas tout. Que fait BaLaQ quand il en a marre que BiLʕaM bénisse Israel au lieu de le maudire ? Il claque des mains. Car BiLʕaM ne le voit pas – et c’est donc son seul moyen de lui faire signe de s’arrêter. Et pour terminer, on retrouve ShaTa lorsque BiLʕaM dans son final, se retourne contre BaLaQ et maudit les « BeNeY SheT », les fils de l’orgueil.
Et oui, BiLʕaM était non-voyant, et c’est en fait le seul personnage non-voyant de la Bible. Et au Paléolithique, être non-voyant, c’était parfois un SiGNe de distinction, surtout lorsque vous étiez doué pour le langage – vous pouviez alors devenir un PRoPhèTe, un MeSSie, un MaShyaḤ, dont la parole avait le pouvoir de RéuNir les hommes et les femmes. Ces Messies non-voyants, de nombreuses civilisations en ont d’ailleurs conservé le souvenir, en particulier la Grèce antique.