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Cette idée des « STaNDing SToNes » éternelles semble donc bien adaptée pour comprendre le sens fortement iNSTiTutionnel et oFFiCiel qu’a « ShaTa » dans toutes les langues, en particulier en hébreu avec le fameux ShiYT qui apparaît 85 fois dans la Bible, mais surtout, bien sûr, en latin – la langue du FoRMalisme et du JuRiDisme par excellence.

Et en latin, c’est STo qui règne en maître. STo qui signifie, comme iSTèmi en grec, se DReSSer DeBout et êTRe, mais dont dérive surtout un nombre impressionnant de termes juridiques. Accrochez-vous, car il y a en un paquet : tout d’abord aBSTo, dont dérive aBSenT, aSSiSTo qui signifie aSSiSTer, ConSiSTo qui signifie ConSiSTer, DeSiSTo DéSiSTer, PeRSiSTo PeRSiSTer, ReSiSTo RéSiSTer, SuBSiSTo SuBSiSTer. Ensuite, un que j’aime bien c’est CoûT, CoST en anglais, que l’on rattache à ConSTo qui a plusieurs sens dont celui d’être CeRTain, évident – ConSTaTé par les deux parties en accord. Un coût c’est ce qui est constaté et ConSTanT – qui peut aussi dépendre des CiRConSTanCes.

Il y a aussi bien sûr ConSTiTuo, de STaTuo, qui signifie STaTuer, et que l’on retrouve dans notre ConSTiTution, mais aussi iNSTiTuo, instituer que l’on retrouve dans nos institutions, et SuBSTiTuo qui signifie SuBSTiTuer, très important en DRoiT bien évidemment. Mais on ne s’arrête pas là. Il y a aussi DiSTo – qui signifie être éloigné, DiSTant. eXiSTo qui signifie eXiSTer. iNSTo et iNSiSTo qui signifient iNSiSTer. oBSTo qui signifie faire oBSTaCLe. PRaeSTo qui signifie à la fois ce qui est PRêT (avec un T) et PRèS (avec un S), et d’où provient à la fois notre PRéSeNTer, mais aussi l’expression « prêter main forte ».

Ensuite il y a ConTRaSTo, qui signifie s’oPPoSer et que l’on retrouve dans le ConTRaSTe. PRoSTo qui signifie présenter à la vente et d’où vient notre PRoSTiTuer. Ou ReSTo, qui signifie aRRêTer ou ReSTer. Mais attendez, c’est pas fini. Il y a aussi d’autres mots qui ne sont pas des dérivés directs de STo, mais qui y sont apparentés, comme DeSTiNo d’où provient DeSTiNer, qui signifier FiXer, aSSuJeTTir, aSSiGNer, former le dessein, et oBSTiNo qui signifie s’oBSTiNer, PeRSiSTer. Et aeSTiMo qui signifie eSTiMer.

Voilà pour le latin. En grec, il y a STaDios qui signifie ce qui est STaBLe, éTaBLi, ferme – d’où vient notre STaDe, dont les limites sont fixées. Ce sens de fixé, de formel, d’institutionnel qu’on retrouve dans « ShaTa » explique pourquoi l’Etat, avec un grand E, c’est l’éTaT, le STaTe. En fait les linguistes ont identifié depuis longtemps que « STa » était une racine partagée dans toutes les langues Indo-Européennes, avec par exemple dans la sphère indo-iranienne, le « Stan », avec l’Afghanistan, le Kazakhstan, le Pakistan. Le « Stan », le State, c’est ce qui RéuNit les hommes autour de ce qui se dresse, debout.

Statue de confiance
Figure: Statue de confiance

Trust, ça s’achète ?

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Pour rester dans ce domaine FoRMel, on a aussi « aCheTer » – et oui acheter c’est eSTer. Rappelez-vous « Sa » et « Sha » c’est à peu près la même chose au Paléolithique. Bon ce rapprochement, j’avoue, il est de moi – personne ne sait vraiment d’où vient le mot « acheter ». Enfin, en anglais, il y a STouT, qui signifie vaillant, FoRT, courageux et surtout MuST, le verbe de l’obligation par excellence. Sans MuST (et les CoûTs qui en découlent), pas de TRuST, pas de ConFiance, si importante pour le fonctionnement des SoCiéTés humaines …

Tiens d’ailleurs, vous vous rappelez, je vous expliquais dans ma dernière vidéo que TRuST dérivait de « TaRa », du TRaiTé éTaBLi dans la bonne forme. Ce qu’il y a de magnifique avec TRuST, c’est que c’est un premier exemple de fusion phono-sémantique entre « TaRa », la Bonne Forme, et « ShaTa », l’iNSTiTution – fusion phono-sémantique que je vous expliquerai un peu plus dans quelques instants.

TRuST qu’on retrouve aussi dans la Bible – et oui – dans Néhémie avec TiRShaTaʔ le gouverneur – « TaRa » « ShaTa ». Le gouverneur, c’est celui qui a la ConFiance, TRuST, du roi. Mais bon je triche un peu, Néhémie ça se passe en Perse, et tout le monde sait que le Perse est une langue « indo-européenne », comme disent les Pharisiens.

Testis, c’est ter-stis ?

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Mais bon, maintenant que vous avez une bonne vision du champ sémantique de STo, le verbe JuRiDique par excellence, il est temps de déboulonner une première STaTue – celle concernant l’étymologie de TeSTis, le TéMoiN, terme fondamental en DRoiT.

Dans La Parole Impérieuse, page 343, l’anthropologue du droit Robert Jacob, explique que le TeSTis, c’est l’ « agent qui participe pleinement à la FoRMation d’actes juridiques ». La CaPaCité d’être TeSTis est inhérente à la condition de QuiRis, la CoMMuNauté romaine d’origine. La DéChéance de l’un entraine la déchéance de l’autre.

Robert Jacob cite l’exemple de l’iNTeSTaBiLis, celui qui refuse de témoigner – et qui par son refus, est non seulement DéChu du droit de témoigner, mais pour lequel surtout plus personne ne pourra témoigner. C’est une véritable eXCLusion, mise au BaN, de la SoCiéTé des hommes, qui ressemble en ça au régime juridique du SaCeR, que tout le monde pouvait Tuer sans problème – SaCeR c’est un peu KaReT, le retranchement dans la Bible.

La société primitive romaine, la société des QuiRites est ainsi une société de témoins qui aTTeSTent les uns pour les autres – mais cette conception ne concernait bien sûr pas que la société romaine, mais au Paléolithique tout l’espace couvrant l’Afrique de l’Est et l’Eurasie occidentale.

Pour mes fanas de psychanalyse Freudienne qui gloussent au fond de la classe, on retrouve TeSTis aussi dans TeSTiCuLes. On pense qu’autrefois on jurait et on témoignait l’un pour l’autre en se touchant les testicules, comme par exemple dans la Génèse au chapitre 24 lorsqu’Abraham fait jurer à son serviteur de ne pas faire épouser à Isaac une étrangère, ou au chapitre 47 lorsque Jacob, sur son lit de mort, fait jurer Joseph de l’enterrer hors d’Egypte.

Bon, tout ça est fort sympathique, mais le problème c’est que Robert Jacob, comme beaucoup, fait remonter l’étymologie de TeSTis à TeR-stis, avec l’idée que le témoin est celui qui se tient en TieRS « TeR stis » – en citant le grand linguiste Emile Benveniste, dans son 2ème tome de son Vocabulaire des iNSTiTutions Indo-Européennes (page 119).

Ceux qui me connaissent savent que je suis fana non seulement de Benveniste, mais surtout du concept de « tiers de ConFiance », et c’est donc bien malgré moi qu’il m’a fallu résoudre à l’idée que TeSTis n’avait strictement rien à voir avec TeR, mais tout à voir avec « ShaTa » – le mot fondamental incarnant l’institution au Paléolithique. TeSTis, ça n’est pas TRuST. De la même manière que la TowRah ça n’est pas un TeSTament, ni ancien, ni nouveau.

Ne restez pas PLaNTés là !

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Cet important petit aparté sur TeSTis étant derrière nous, revenons donc à STo. Nous avons vu qu’il incarnait l’iNSTiTution, en le rapprochant du concept de « STaNDing SToNe », de pierre DuRe, DReSSée. L’autre élément caractéristique d’une pierre, c’est qu’elle est … iMMoBiLe. Je reviendrai dans ma prochaine vidéo sur cette fascination d’Homo Sapiens pour l’immobilité, mais pour le moment, sachez juste que STo c’est ce qui est STaBLe, STaTique. Comme l’est le STaTut – l’éTaT d’êTRe.

On retrouve ce sens d’immobilité dans STaTos STaTioNNaire, ou STaSis qui est l’action de se tenir, la stabilité ou la FiXité. Il y a aussi STaGNo, ce qui est STaGNant, et surtout SiTus le SiTe, la PoSition – mais qui signifie aussi la CRaSSe, la SaLeté, le MoiSi, la RouiLLe – sur lequel je reviendrai aussi plus longuement dans ma prochaine vidéo. Enfin, il y a bien sûr STaBiLis, qui signifie à la fois ce qui est stable et éTaBLi, STaTio, la station (aSSiSe ou DeBout, une spécificité des hominidés). Sans oublier PoSiTus, la position – dont tout le monde pense qu’il dérive de PoNo, alors que c’est PoNo qui dérive de PoSiTus … mais on reviendra bientôt sur ce SuFFiXe aussi.

Enfin, toujours dans ce registre de l’immobilité, il y a STeLLa, les éToiLes qui sont fixes, « ShaTa », et qui font de la LuMièRe, mais aussi les STuPiDes et les SoTs – comme mes linguistes et anthropologues Pharisiens paresseux, qui ReSTent immobiles et la BouChe Bée devant ces étoiles que sont mes vidéos. « stupide » et « sot » qui proviennent bien sûr de SToLiDus, STuLTus, et STuPeo en latin.

Ce sens d’immobilité, on le retrouve en anglais avec STuN qui signifie éToNNer, STeaD, la PLaCe qu’on retrouve dans iNSTeaD, STiLL, qui signifie immobile, toujours, STaLL, qui signifie à la fois un eMPLaCement, une STaLe – dans laquelle on garde l’éTaLoN - mais aussi caler, s’aRRêTer brusquement.

STaNDing SToNes … Vous êtes sûrs ?

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Bon. C’est finalement pas si compliqué tout ça : « ShaTa » qu’on retrouve dans toutes les langues qui couvrent l’Afrique de l’Est et l’Eurasie occidentale c’est ce qui se DReSSe, iMMoBiLe et qui incarne l’iNSTiTution et dont les pierres dressées sont l’archétype. Pas si compliqué vous êtes sûr ? Le problème c’est que cette explication des pierres dressées est erronée - ou au moins incomplète.

Tout d’abord, la pratique des pierres dressées n’a émergé qu’avec le Néolithique – les plus anciennes étant probablement celles de Göbekli Tepe en Turquie, datant d’il y a environ 12'000 ans, à un moment où nos ancêtres disposèrent des capacités techniques et organisationnelles pour éRiGer ces monstres de plusieurs dizaines de tonnes. Et si vous avez vu ma vidéo sur l’Ere d’Abondance, vous savez que le langage est bien plus ancien que le Néolithique, en particulier s’agissant d’un mot aussi universel que « ShaTa ».