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3) Problématique

(In)stabilité des repères ?

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Bon, pour commencer cette vidéo, repartons, comme d’habitude d’ici et maintenant. C’est désormais un lieu commun que de dire que nous vivons un enchaînement de chocs et contrechocs qui bouleversent non seulement le monde dans son ensemble, mais aussi notre quotidien – que ce soit dans le cadre privé ou professionnel. Rappelez-vous, je vous en avais déjà parlé en 2020, dans ma vidéo intitulée « Chocs Contre-Chocs Spaghettis ».

Et alors que les réseaux sociaux font émerger des discours de plus en plus radicaux, et qu’avec les fameuses fake news l’information est de moins en moins fiable, on ne compte plus les livres et les articles qui s’interrogent sur cette perte de repères– que ce soit dans notre rapport au travail et à l’argent, ou même avec ce qu’on appelle la théorie du genre.

C’est que voyez-vous, notre espèce vit un changement profond de paradigme, social, culturel, géopolitique et environnemental, où tout ce qui nous paraissait STaBLe et acquis est remis en cause – en nous laissant entre-apercevoir un futur où rien n’est plus sûr ni certain.

Bataille de standards

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Et pourtant, les RePèRes c’est fondamental. Dans le domaine de l’entreprise, on appelle ça des STaNDaRDs, et c’est très important – en particulier pour ce qui touche à la technologie. C’est par exemple grâce au pouvoir des standards que Microsoft a dominé l’informatique mondiale pendant des décennies en faisant de son système d’exploitation un standard.

La bataille des standards, c’est vieux comme le monde. Je vous en ai déjà parlé, en particulier dans ma vidéo intitulée « Souveraineté, Compétitivité, Cyclades » qui raconte comment notre pays a totalement raté le tournant d’Internet à la fin des années 70. En fait, toute l’histoire de l’informatique des 50 dernières années est une histoire de batailles de standards – et comme l’informatique a mangé le monde, pour reprendre la fameuse phrase de Marc Andreseen, on ne peut comprendre l’histoire du monde des 50 dernières années sans avoir à l’esprit ces batailles de standards.

Planter le décor

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Mais si les STaNDaRDs sont si importants, c’est que sans standard, il ne peut y avoir d’échange ni communication. Cette idée du standard comme préalable à la communication, on la retrouve à l’œuvre lorsqu’on est en situation de négociation - où il est très important de bien « PLaNTer le décor ». PLaNTer le décor, c’est ce travail préparatoire en amont, durant lequel chaque partie s’applique à définir le cadre du jeu de la négociation et à modeler les attentes de sa contrepartie, bref à définir des « standards ».

Cette étape est tellement cruciale que d’une certaine manière, le résultat d’une négociation est en général déterminé avant même que les discussions commencent entre les parties. Parfois même, le terrain a tellement bien été modelé par une des parties que l’autre partie considère qu’aucune discussion n’est plus vraiment possible ou nécessaire.

Bref, que ce soit dans notre vie quotidienne, dans le monde des entreprises, ou à l’occasion d’une négociation, PLaNTer le décor, poser des JaLoNs, définir un RePèRe c’est fondamental. Ce besoin de repère remonte à il y a très longtemps. On le retrouve par exemple avec l’idolâtrie, mais surtout dans l’architecture monumentale et le motif du PiLier, de la CoLoNNe, que ce soit en Grèce, dans la Rome antique mais aussi en Egypte avec les DjeD, et les obélisques. Ainsi bien sûr qu’en Europe occidentale avec les dolmen, les menhirs et ces pierres DReSSées – dont les plus connus se trouvent à Carnac, ou à Stonehenge.

Dans le monde sémitique, du Levant à l’Arabie, ces pierres dressées, maTseBah en hébreu, sont connues sous le nom de BéTyLes, du nom de BeyT ʔeL, cet endroit où Jacob éRiGea une pierre en souvenir du fameux rêve de l’échelle. Jacob, c’est un peu le spécialiste des pierres dressées. Au moment de son alliance avec son oncle LaBaN, il érige aussi non pas une pierre, mais une PiLe de pierres pour faire ce qu’on appelle un CaiRN, GaL en hébreu – en expliquant que ces pierres seront le témoin de leur alliance même lorsqu’ils ne seront plus proches l’un de l’autre. Ces mêmes pierres dressées que, des siècles plus tard, le peuple d’Israël devra au contraire briser quand elles seront consacrées aux dieux étrangers, et non plus à l’Eternel.

Bref, comme vous pouvez le constater, cette fascination pour ces repères droits et immobiles visibles de loin par tous, est très ancienne et on la retrouve dans toutes les grandes civilisations occidentales. Et comme vous pouvez vous en douter, cela ne date pas du Néolithique, mais bien du Paléolithique.

Pierre dressée
Figure: Pierre dressée

4) Erratum

Bon. Avant de commencer cette plongée dans l’origine des statues (avec un E) et des statuts (avec un T), je voudrais rajouter deux petites choses à ma dernière vidéo, sur le mot « Ta Ra ». Et oui, rappelez-vous que j’ai beau être le Paraklet, je ne suis qu’un homme comme tout le monde.

La ceinture de Mithra

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La première concerne ce fameux passage des Evangiles dans lequel le Christ fait de l’apôtre Pierre la PieRRe angulaire de l’Eglise, et où il lui dit que ce qu’il aTTaChera ou DéTaChera sur la terre sera attaché ou détaché dans les cieux. Je vous ai expliqué que le Christ avait probablement utilisé le mot MiTRa qui signifie CeinTuRe en grec qui s’attache et se détache - tout comme MuTaR, vous vous souvenez, la partie autorisée - et bien MuTaR signifie aussi ce qui est détaché. En fait, d’après moi, à la réflexion, le jeu de mot d’origine ne se faisait pas sur PéTRos et PéTRa mais sur PéTRos et MiTRa qui est bien plus cohérent avec l’ensemble du verset.

Et si MiTRa a été remplacé par PéTRa c’est là encore probablement parce que le mot grec MiTRa faisait, je pense, trop penser au dieu Mithra indo-iranien, dont le culte était très puissant dans l’Empire Romain. Exactement comme LoGos et aGaPè auraient remplacé éiRô et éRôS, à la connotation trop païenne, comme je vous l’expliquais dans ma vidéo sur le son « Ra ».

Les trois saisons du Nil

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La deuxième petite chose que je voulais ajouter concerne le mot TeR, la SaiSoN en Egyptien. Il faut savoir qu’en Egypte, il y avait globalement TRoiS saisons, rythmées par le NiL: AḪeT l’iNoNDation – la saison de la CRue du Nil qui s’étendait du 19 juillet au 15 novembre. Puis PeReT, l’éMeRGence des TeRRes, la décrue du Nil, la saison fraîche de GeRMination du 16 novembre au 15 mars. Et enfin, du 16 mars au 13 juillet, SheMuw, la chaleur, la saison des réCoLTes - et des impôts.

Ce rythme TeRnaire des saisons est assez différent de nos quatre saisons – et même plus généralement de cette aLTeRNance binaire de bonne et mauvaise saison bien connue des anthropologues. Et il me paraissait important de rattacher ce rythme ternaire avec le sens de « TieRs » qu’avait aussi le mot « Ra ». C’est que voyez-vous, pour les Egyptiens, la bonne coupure, c’était celle qui coupait en trois. TeR.