Bon, avant de reprendre notre exploration en profondeur du concept d’alternance et d’ambivalence au cœur de « ShaTa », repartons comme toujours d’ici et maintenant. Certains d’entre vous ont probablement entendu parler des « marketplaces », en français les « places de marché », ces sociétés qui mettent en relation des vendeurs et des acheteurs – et dont Amazon fut un des précurseurs dans les années 2000.
Une marketplace c’est très compliqué à créer, c’est le fameux problème de l’œuF et de la PouLe : comment faire venir des vendeurs si vous n’avez pas d’acheteurs ? Et réciproquement comment faire venir des acheteurs si vous n’avez pas de vendeurs ? C’est d’ailleurs un problème que je connais bien pour le vivre dans ma chair depuis près de 10 ans maintenant …
En économie on appelle ça un marché « BiFaCe » - qui n’est d’ailleurs que la transposition, à l’échelle du marché, de la problématique à laquelle est confrontée chaque entreprise : comment avoir des clients sans fournisseur ou sans salarié – et réciproquement comment avoir des fournisseurs, ou des salariés, tant qu’on n’a pas de client.
C’est que l’entreprise est, elle-aussi un « biface » : son BiLan est séparé entre d’un côté l’actif – ce que ses clients lui doivent, son patrimoine - et de l’autre un passif – ses dettes et le capital qu’ont investi ses actionnaires. Et l’on retrouve encore cette BiPoLarité, que vous avez déjà aperçue dans ma dernière vidéo sur la sédentarisation et la nomadisation saisonnière incarnées par « ShaTa ».
Mais bien sûr, si vous me suivez, vous savez qu’un « BiFaCe » c’est d’abord le SiLeX taillé, dont je vous parlais dans la série « TaRa », qui tourne autour de son aXe de SyMéTRie ce qui lui donne sa bonne forme. Et cet axe de symétrie, c’est « ShaTa », le pieu planté droit – et on retrouve en fait la même idée de symétrie tant derrière « ShaTa » que derrière « TaRa ». La symétrie, c’est une idée qui est très, très ancienne, car elle remonte à l’aCheuLéen, la technique de taille de nos ancêtre Homo Erectus, il y a 1'760'000 ans.
Cette symétrie, cette DuaLité on la retrouve aussi partout dans la poterie Néolithique, avec par exemple cette figure humanoïde avec DeuX jambes, deux bras, l’un levé, l’autre baissé et des mains figurant deux doigts. Vous la trouverez en page 47 du Langage de la Déesse ce merveilleux ouvrage de Marija Gimbutas, l’immense archéologue Lithuanienne féministe, qui va nous accompagner pendant quelques temps.
En fait ce concept de dualité, de deux FaCes on le retrouve dans toutes les traditions du monde, en particulier dans celles du continent Eurasiatique, que ce soit la Torah, le Coran, les Gathas ou le Taoisme. Dans les Gathas par exemple, ce grand texte de ZaRaThouSTRa, deux termes Asha et Arta désignent le même concept de Justesse – je vous avais déjà fait remarquer qu’on retrouvait là encore « Sha-RaTa ».
Mais surtout, les Gathas, sont complètement structurés autour de cette dualité, entre le matériel et le spirituel, la bonne et la mauvaise voie, la vie et la non vie, l’existence et le néant, l’action et la réaction, l’intérieur et l’extérieur, le bonheur et le malheur, le plaisir et la souffrance, les hauts et les bas, la récompense et la punition, l’amitié et l’hostilité, la lumière et l’obscurité, la pauvreté et la richesse. Ce sont des formes tellement habituelles qu’on n’y prête plus attention. Mais le propre d’un Messie, c’est de pouvoir voir ce qui est évident pour tous. En particulier les contraires – pour les réconcilier.
Mais avant de commencer ce grand voyage messianique, il me faut d’abord vous parler de ce qu’on appelle la PoLySéMie – le fait qu’un mot a plusieurs SeNS – qu’on a déjà évoqué. La polysémie, c’est fondamental en linguistique Paléolithique, car il faut comprendre que pendant des centaines de milliers d’années, le langage était fortement ambigu – les mots et les concepts ne s’étaient pas encore précisés.
Chaque mot pouvait donc vouloir dire une chose et son contraire, comme dans les mythes où le mal et le bien sont souvent mélangés, en particulier avec le fameux personnage du TRiCkster, qui joue des tours aux héros, parfois désagréables, mais qui s’avèrent bénéfiques in fine. Ou comme dans le SymBoLe du Yin-Yang où il y a toujours un peu de BLaNC dans le NoiR et un peu de noir dans le blanc.
Cette ambigüité, on la retrouve encore dans beaucoup de mots, en particulier ceux que l’on utilise le plus souvent. En fait, la polysémie c’est véritablement la plus grande TRaCe de l’origine Paléolithique du langage comme l’expliquait Saint Augustin, au Chapitre 31 de La Création du Monde et le Temps, en affirmant « que l’on peut croire que Moïse (MoSheh MuwSaʔ) a entendu tous les sens véritables qui se peuvent donner à ses paroles ».
Et il est temps pour moi de vous présenter mon nouvel ami, PoLiSSoN le CaMéLéon polysémique insaisissable aux 10 CouLeuRs, à la queue en forme de SPiRaLe🍥. Il nous accompagnera tout au long de ce nouveau CyCLe, qui nous plongera au cœur du son « Sa », « Sha », « Tha » et de la CoGNition humaine... Ce voyage durera 10 vidéos. Je les appelle les « ʕaSeRet haDiBRowt », les dix histoires du Paraklet – dix histoires qui furent très probablement racontées de père en fils, mais surtout de MèRe en fille pendant des centaines de milliers d’années.
Et lorsque nous rencontrerons un mot polysémique – et dieu sait qu’avec le son « Sha », il y en a beaucoup - Polisson nous donnera les autres couleurs de chaque mot polysémique – chaque couleur faisant référence à l’une de ces 10 vidéos, de ces 10 histoires. Cette vidéo étant la Rose 🩷 comme vous le comprendrez bientôt.
Et pour commencer ce grand voyage polysémique, rien de mieux que le verbe NaSaʔ et le verbe SaiSir. Vas-y Polisson c’est à toi ! « Euh … alors NaSaʔ c’est Vert 🟢, Violet 🟣 Jaune 🟡 et Noir ⚫ et Saisir c’est Orange 🟠, Jaune 🟡 et Bleu Clair 💎 ». Tu vois, je t’avais dit que ça ne serait pas si difficile. Oui NaSaʔ et saisir ont tous deux de très nombreux sens, à commencer par celui de prendre en main, par exemple une LaNCe, que l’on retrouve dans Isaïe 2.4 :
« Il sera le juge des nations, L'arbitre d'un grand nombre de peuples. De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, Et de leurs lances des SeRPes: Une nation ne saisira plus l'éPée contre une autre, Et l'on n'apprendra plus la guerre ».
Proche de saisir, il y a uSer, uSe en anglais au sens d’utiliser un objet. « User c’est aussi Rouge 🔴 ». D’accord Polisson. C’est d’ailleurs sur saisir et user que commence la grande œuvre de Lao Tseu écrite au 4e siècle avant notre ère le Tao Te King – je vous lis le premier chant:
Le Tao qu'on tente de saisir n'est pas le Tao lui-même ; le nom qu'on veut lui donner n'est pas son nom adéquat. Sans nom, il représente l'origine de l'univers ; avec un nom, il constitue la Mère de tous les êtres. Par le non-être, saisissons son secret ; par l'être, abordons son accès. Non-être et Être sortant d'un fond unique ne se différencient que par leurs noms. Ce fond unique s'appelle Obscurité. Obscurcir cette obscurité, voilà la porte de toute merveille.
Comment, les Pharisiens ? User vous n’entendez pas Ss mais Z. Ah oui je comprends. Mais le S se transforme beaucoup. On reviendra bien plus tard sur le Ss et le Z, mais pour le moment, faites confiance au Paraklet, il connaît le « Chemin ».
Bon, et une fois qu’on a une LaNCe bien en main que fait-on ? On la FiChe dans le sol. Et pour ceux qui n’ont jamais PLaNTé un PiQuet de tente, allez jeter un œil au documentaire « Pygmies of the Ituri rainforest », ça vous donnera une idée d’à quoi ça ressemble (c’est à la 22e minute) – mais on reviendra dans ma prochaine vidéo sur le grand Peuple de la Forêt.
Dans le même genre de Pieu qui se SaiSit il y a l’eSSieu - saisi par le chariot et par les roues. En Egyptien, WeS signifie la PoiNTe de la pyramide – oui à partir de maintenant je ne dessinerai plus les hiéroglyphes, mais les transcrirai en notation phonétique. Comment Polisson, WeS c’est Jaune 🟡 aussi » D’accord.
En Français, il y a la ViS aussi qui est pointue, tandis qu’en grec, il y a SauRôTèR la pointe en métal fixée à la BaSe d’une lance permettant de la ficher dans le sol – et qui n’a aucun rapport avec les sauriens. Hein les Pharisiens ! Bon c’est vrai qu’un SeRPeNT ça pique avec sa LaNGue mais on y reviendra plus tard sur cette langue pointue du serpent.
Oui la pointe, c’est très important et depuis très longtemps. On a déjà beaucoup parlé du sens de pointe qu’a « ShaTa » – avec par exemple STiTCh qui signifie SuTuRer coudre. Mais comme vous pouvez déjà le constater, ce sens de pointe est en fait déjà porté par « Sha ». Oui, comme le disait Saint Augustin dans son chapitre 19, pour PeRCer les SeCReTs les mieux CaChés il faut avoir un eSPRiT bien pointu, bien aCéRé – comme celui d’un MeSSie. A ce propos, Polisson, je t’avais dit que mon dernier tirage au Yi King – c’était La Percée « Kouai » ? Mais on va y revenir dans quelques instants sur la Percée.