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5) Clef

Au deuxième jour il y eut « Ta Ra »

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Bon, maintenant que ces oublis sont corrigés, il est temps que je tienne la promesse que je vous avais faite dans ma vidéo de Pâques 2022 sur l’alliance du PaRTaGe. Vous vous rappelez ? J’avais fait le rapprochement entre BeRiyT, l’alliance en hébreu et BeTaR, la PaRTie, et je vous avais promis que nous reviendrions sur le son « Ta Ra » au cœur de la coopération et du PaRTaGe. Et bien voilà, nous y sommes, un an plus tard.

Bon, j’ai déjà tenu une PaRTie de cette promesse dans ma dernière vidéo sur le son « Ra ». Mais « Ra » ça n’est qu’une pièce du PuZZLe. Une pièce très importante, un peu comme un des QuaTRe coins d’un puzzle, à partir duquel on reconstruit les bords, puis l’intérieur – mais une pièce quand même. Et il est temps que je vous révèle le sens caché de la TowRah - pardon du mot « Ta Ra » - qui est probablement le bord le plus important de ce puzzle qu’est le langage humain. Car ce mot a une importance fondamentale dans la culture humaine – tout du moins celle des grandes civilisations de l’antiquité, de l’Egypte à Rome, en passant par le Levant, l’Arabie, la Mésopotamie, l’Inde, l’Iran et la Grèce.

Métathèse: le tour de « Ra Ta »

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Mais avant de nous intéresser à « Ta Ra » - faisons d’abord le tour de « Ra Ta », obtenu en inversant l’ordre entre « Ta » et « Ra », ce qu’on appelle une métathèse en linguistique, et que nous avons déjà rencontré dans le rapprochement entre BeRiyT, l’alliance, et BeTaR, la partie. La métathèse c’est fondamental en linguistique paléolithique. C’est assez déroutant au début. J’y ai été pour ma part confronté la première fois au printemps 2021, alors que je réalisais que dans la Torah, le mot agneau se disait à la fois KeBeS, par exemple dans le Lévitique au chapitre 4 verset 32, mais aussi KeSeB, 3 versets plus loin, en inversant le son Ba et Sha.

Ca m’a pris la tête pendant des mois - car à l’époque, pour moi, comme pour vous j’imagine aujourd’hui, la séquence des LeTTRes avait son importance, en particulier dans un texte comme la Bible, où la place de chaque lettre est censée être très importante. Et il m’a donc fallu près d’un an pour comprendre que ce que je prenais pour un « bug » linguistique était en fait la preuve que l’ordre des lettres et des sons était bien moins important que le choix de ces lettres et de ces sons. Cette prise de conscience en entraînait une autre : le sens des mots résulte en fait de la combinaison du sens archaïque de chaque consonne. Sens que notre espèce a progressivement oublié au Néolithique, en particulier avec l’apparition de l’éCRituRe.

Asha / Arta - the RiGhT RouTe

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Et pour démarrer ce petit tour de « Ra Ta », rien de mieux que de commencer par ZaRaThouSTRa. Ou plutôt par les Gathas, ces poèmes que ce prophète majeur, cette star, a composés il y a plus de 3000 ans dans l’actuel Iran. Dans les Gathas, on rencontre souvent « aSHa et aRTa » qui semblent être utilisés indifféremment pour signifier l’existence, la VéRiTé et le chemin juste, que recherche Zarathoustra. Pour que vous compreniez ce dont je parle, je vais vous lire une toute petite partie du premier chant.

Ô Mazda Ahura, je viens vers Toi par la Pensée juste pour qu’à la lumière de la Justesse, Tu me révèles la félicité des deux mondes, le matériel et le spirituel, afin que je puisse guider mes compagnons vers le bonheur.

Ô Justesse, ô Pensée Juste, je vous chanterai des louanges qu’à ce jour personne n’a chantées. Puis je les offrirai à Mazda Ahura et à ceux qui ont atteint le pouvoir de Maîtrise de soi et franchi le royaume de la Sérénité. Répondez à mon appel !

Moi qui ai accordé mon âme à la Pensée juste, je sais que les actions accomplies pour Ahura Mazda seront récompensées. Ainsi, aussi longtemps que j’en aurai la volonté et le pouvoir, J’enseignerai aux autres à poursuivre sur le chemin de la Justesse.

Et vous n’avez rien remarqué quand je vous ai parlé d’ « aSHa et aRTa » ? Mais enfin ! On retrouve nos 3 consonnes archaïques, nos 3 compères, les sons Sha, Ra et Ta par lesquelles j’ai choisi de commencer mon cours de linguistique paléolithique ! Décidément !

Bon c’est pas grave, à part aRTa, le chemin juste, il y a en latin ReTe le filet– dont je vous expliquais dans ma dernière vidéo qu’il était lié au rare et au rayé. Mais il y a surtout en grec RèToS - la parole, la chose dite. Bon là vous allez me dire c’est simple : RèToS ça vient de éiRô qui veut dire parler, et dont je vous ai longuement parlé dans ma dernière vidéo, avec un suffixe -ToS. Mais vous n’avez qu’à moitié raison, mais on reviendra bientôt sur ces suffixes …

Mais pour revenir au latin, les deux mots en Ra Ta les plus importants, ce sont RiTus et RoTa. RiTus, on l’a déjà vu dans ma vidéo sur la bonne forme et les RiTueLs. RiTus, pour la faire courte, c’est l’usage, la coutume, la manière, la procédure, bref, la « Bonne Forme » – comme Arta de Zarathoustra. Et RoTa, c’est la roue qui tourne, que ce soit la roue du char ou du potier, mais je vous en parlerai plus longuement dans ma prochaine vidéo.

Tirer un trait à travers

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En attendant, il y a aussi l’aoRTe du grec aoRTè, cette aRTèRe qui est comme une RouTe dans le corps – ou la TRaChée qui TRaNS-PeRCe le haut du corps. Ou aussi les aRêTes qui TRaNChent le corps du poisson et parfois aussi notre gorge. Mais en français, il y a surtout la RouTe qui comme RiTus ou Arta et les mots en « Ra Ta », expriment l’idée de bon chemin, de bonne TRaCe. Tracé par-dessus lequel, on peut dépasser et faire une RaTuRe, un RaTé.

Mais revenons donc à « Ta Ra », beaucoup plus fréquent que « Ra Ta ». En restant dans ce champ sémantique lié à l’idée de TRaCer, il y a tout d’abord la TRaMe, ces fils qui sont perpendiculaires à la ChaîNe, en couture – rappelez-vous ShaRShaR, la chaîne en hébreu. Tiens chaîne et trame, encore nos 3 compères Sha, Ta et Ra. Décidément !

Mais il y a surtout le roi, le préfixe TRaNS- qui en latin signifie au-delà, à TRaVeRS, et qu’on retrouve dans de très nombreux mots en français. Mais on retrouve aussi « Ta Ra » comme suffixe dans plusieurs mots très importants liés à cette idée de TRaVeRSer, comme les préfixes iNTRo- – d’où vient notre eNTRée - ou ReTRo-, iNTRa-, eXTRa ou uLTRa,

Ensuite, un point très important c’est que les mots en « Ta Ra » ou « Ra Ta » sont souvent polysémiques, c’est-à-dire qu’ils ont un très grand nombre de sens différents, selon le contexte. Et le patron de la polysémie, c’est TiRer, dont l’étymologie semble provenir du latin TRaHo, et qui a 47 sens différents selon Wiktionnary. Ou les mots TRaiT avec 33 sens différents, TRaiN ou TRaîNer avec 14 sens différents, et enfin TRaCe, provenant du latin TRaHeRe, et qui a 10 sens différents. TRaHeRe qui est probablement apparenté au grec TRéQô qui signifie se déplacer, courir – bref, laisser une trace.

Cette polysémie est fondamentale : elle est la trace d’une utilisation archaïque du mot primordial « Ta Ra », ce mot s’étant chargé avec les millénaires de plus en plus de sens différents. Dit autrement, une règle en linguistique paléolithique, c’est que plus un mot a de sens différents, plus il est archaïque.

A noter enfin pour terminer sur ce champ sémantique du trait qu’on trace, les mots anglais ThReShoLD, qui signifie le seuil, qu’on franchit, et TRaiL, qui est lui aussi polysémique et signifie à la fois une trace, la route, le chemin ou tirer. Quant à l’Egyptien, la récolte dans ce champ sémantique est assez maigre, mais elle est importante avec RuWT qui signifie la PoRTe, le seuil.

L’art de trancher
Figure: L’art de trancher