Mais qui dit trancher dit forcément mesurer – MéTRoN en grec d’où vient notre MèTRe – et LiTRa d’où vient notre LiTRe, pour mesurer les volumes. Et qui dit mesurer, dit compter les PaRTies – en commençant par deux : l’une et l’ auTRe qui provient du latin aLTeR et que le grec connaît avec éTéRoS. héTéRo- c’est l’auTRe.
Je reviendrai plus longuement dans ma prochaine vidéo sur ces suffixes latins en -TeR, mais je peux déjà citer uTeR qui signifie l’un des deux – et d’où provient notre expression « En ouTRe ». Il y a aussi eNTRe et ConTRe, du latin iNTeR et ConTRa - où l’on retrouve cette idée de séparation en deux parties.
Mais quand on CouPe, on ne coupe pas uniquement en deux bien évidemment, on coupe aussi en TRoiS – pour faire des TieRS - et en QuaTRe pour faire des QuaRTs (avec une belle métathèse ici entre le R et le T). En grec le mot QuaTRe se dit TéSSaRéS, mais la forme originelle était probablement TéTTaRéS que l’on retrouve dans le préfixe TéTRa-.
Le nombre de mots qui utilisent TRi- et TeTRa- comme préfixes est très important – mais il y’en a un parmi eux plus important que les autres : la TRiBu, que l’on retrouve dans les termes liés au partage tels que aTTRiBuer, DiSTRiBuer, ou le TRiBuT.
La tribu, c’est le corps social qui est partagé dans le cadre du PaRTaGe de la chasse – mais bien sûr, pas forcément en trois contrairement à ce que tout le monde pense. Si les mots « Trois / Tri- » et « Quatre / Tetra- » sont si importants, ça n’est pas pour les quantités qu’ils signifient, ni parce qu’ils évoquent les symboles chrétiens de la TRiNiTé et de la croix, mais parce qu’ils incarnent le partage.
Mais pour qu’une carcasse puisse être tranchée, encore faut-il qu’elle soit grosse. Voilà pourquoi trancher est lié aux concepts d’abondance et à celui de la multitude. En français on a les adverbes TRèS et TRoP dont dérivent la TRouPe et le TRouPeau – qui contiennent un grand nombre d’individus. Il y a aussi en arabe, un adverbe très important c’est KeTYR qui signifie beaucoup. KeTYR, KeTYR, KeTYR! Beaucoup, beaucoup, beaucoup ! et que l’on retrouve dans le prénom KaWÇaR qui signifie l’abondance.
KeTYR est très intéressant, car en arabe KiTR ou KaTR signifient la bosse du dromadaire – alors qu’en hébreu KeTeR signifie la CouRoNNe, le chapiteau ou le verbe eNTouRer. Serait-il possible que KeTeR la couronne en hébreu ait quelque chose à voir avec cette partie de choix dans le dromadaire qu’est cette bosse pleine de graisse qui se tranche KaReT? N’allons pas trop vite en besogne, mais gardons ça sous le coude quand même…
En attendant, on peut noter en Egyptien bien sûr ITeRuW le Nil. Ce fleuve symbole de l’abondance et de la richesse à l’origine de la civilisation Egyptienne – que certains rapprochent, à tort, de YeʔoR, le fleuve ou la rivière en hébreu. YeʔoR c’est « Ra » dans le sens de ce qui coule (j’ai d’ailleurs aussi oublié de vous le mentionner dans ma dernière vidéo). ITeRuW c’est « Ta Ra » dans le sens de l’abondance.
Le mot Egyptien TeR signifie d’ailleurs la saison, l’époque – et est probablement plus lié à l’abondance provoquée par les crues du Nil ITeRuW qu’au partage. En fait comme vous commencez à le comprendre, l’hébreu est bien moins proche de l’égyptien que du grec et du latin. Mais nous reviendrons bientôt sur cette proximité relative entre l’égyptien, l’hébreu, le grec et le latin – lourde de conséquences historiques, non seulement au Néolithique mais surtout au Paléolithique …
Mais, revenons à notre carcasse. A force de la trancher, on finit par la TRiTuRer – c’est-à-dire à l’éparpiller en morceaux – ce qu’on retrouve en hébreu avec le verbe TaRTaR. Triturer, vient de TeRo, verbe très important en latin et qu’on retrouve dans DéTRiTus, DéTRiment, TRier. TeRo c’est FRoTTer la Peau, TeRGum en latin qui veut dire aussi le dos et qu’on retrouve dans le verbe TeRGeo qui signifie aussi frotter, nettoyer, et qu’on retrouve dans notre DéTeRGent.
L’équivalent grec de TeRo c’est TéiRô - mais on retrouve ce sens de frotter dans le verbe TRôGô qui signifie ronger, ou même en français avec les RaTs et les TeRMiTes qui rongent. Mais on le retrouve surtout dans TRiBô qui veut aussi dire frotter – et d’où dérive selon moi le mot TRaVaiL, à l’étymologie très discutée.
Car, oui, frotter la peau occupait une part très importante du temps nos ancêtres - en particulier en Europe à la fin du dernier âge glaciaire. frotter la peau au Paléolithique c’était fondamental, car avec les peaux on confectionnait des abris, des vêtements et des contenants souples. Mais pour cela, il fallait que ces peaux soient « nickel », qu’elles brillent ! Et si travailler ça fatigue, TiReD en anglais, TaRDus en latin, c’est parce que travailler, c’est TRiMer à frotter depuis au moins quarante mille ans.
A force de frotter, il arrive malheureusement qu’on fasse des TRous, du grec TRyPa ou TRyMè qui signifie aussi épuiser – et là c’est TeRRible de TeRReo en latin ou TRéô en grec qui signifient avoir peur. Ben oui, parce qu’une peau trouée, c’est vraiment pas beau – en plus de laisser passer la pluie et le froid.
Mais surtout, surtout, une peau trouée, c’est terrible car cela rappelle une blessure, un TRauMa. Rappelez-vous quand vous étiez enfant et que vous faisiez une égratignure – la vue du trou dans votre intégrité physique vous terrifiait et vous faisait éclater en larmes, TeaRs, en anglais. C’était bien TRiSTe. Et au Paléolithique, on se trouait souvent la peau en taillant des silex – mais j’y reviendrai dans ma prochaine vidéo. Parfois même c’était le crâne qu’on trouait – ce qu’on appelle la TRéPaNation dont la pratique est attestée depuis presque 10'000 ans.
Oui, un trou, une aNTRe, ça fait peur, ça fait TReMBLer, du latin TReMo et du grec TRéMô. Ce qu’on retrouve aussi en hébreu avec RaTaT et RaTaʕ qui signifient trembler, être effrayé, et avec RaTaḥ qui signifie enrager ou faire bouillir (notez le Ḥa du chaud) – ou RaTah qui, à l’inverse signifie être indulgent. Le TyRaN, TyRaNNoS, c’est celui qui gouverne en faisant peur, en étant TRuCuLent, de TRuX qui signifie sauvage, FéRoCe en latin.
Enfin, en anglais on retrouve le sens du trou dans de nombreux mots en « Ta Ra » comme ThRouGh, DRiLL, ThRoW, ThReaD ou ThRiLL. En Egyptien, on ne trouve ce sens que dans SeReT qui signifie une éPiNe – mais comme vous pouvez le constater la récolte est encore assez maigre sur ce front.