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Planter la petite graine dans le ventre

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On reviendra plus en longueur sur la GRaiNe, mais disons d’ores et déjà que la GeRMination est un processus qui a fasciné nos ancêtres, bien sûr au Néolithique avec l’agriculture, mais probablement aussi dès le Mésolithique – voire bien avant. La graine et l’aRBRe Polisson ça te rappelle quelque chose ? Mon délire sur le RoND et l’arbre d’il y a 20 ans. D’ailleurs, je ne suis pas le premier, on retrouve ces symboles sur les baguettes demi-rondes datant d’il y a 14'000 ans trouvées dans la grotte Isturitz, avec des ronds, des SPiRaLes et des efflorescences – qui ressemblent étonnamment à une gravure retrouvée en Nouvelle Guinée (Patterns that connect P121).

Pour Lao Tseu, ce processus de germination est même le Tao lui-même, pourtant insaisissable, comme il l’explique au Chant 21 : « Depuis l’antiquité son eSSeNCe n’a pas VaRié. Pour le comprendre, il suffit d’observer le GeRMe de tout être. Comment puis-je connaître le germe de tout être ? Par tout ce que je viens de dire ». Il y a aussi le début du Chant 64, qui relie la thématique du désordre et celle de la germination des plantes, je vous lis :

Ce qui est en repos est facile à maintenir. Ce qui n'est point éCLos est facile à prévenir. Ce qui est fragile est facile à briser. Ce qui est menu est facile à DiSPeRSer. Préviens le mal avant qu'il ne soit, Mets de l'ordre avant que n'éclate le désordre. Cet aRBRe qui remplit tes bras est né d'un GeRMe infime. Cette tour avec ses neuf étages vient de l'entassement de mottes de terre. Le voyage de mille lieues commence par un pas.

Dans la poterie de la vieille Europe cartographiée par Marija Gimbutas, on va aussi beaucoup retrouver des GRaiNes et des symboles de GeRMination, en particulier sur les figures de SPiRaLes inversées en S qu’on a vu dans ma dernière vidéo (P316) ou ces graines germant séparées par une CoLoNNe de vie, ou même un aRBRe inscrit dans une forme ovoïde évoquant la graine ou l’utérus (P250-251).

La GRaiNe est d’ailleurs aussi très souvent associée à la VuLVe et à la FeNte dès le Mésolithique – le grain de BLé étant lui-même FeNdu, comme dans ces galets RaiNuRés datant d’il y a 12'000 ans trouvés en Israël, ou sur ce sceau datant d’il y a 9000 ans représentant une fente entourée d’aRBoReScences trouvée à Catal Huyuk (P128-129).

Et pour terminer sur la GRaiNe, notez que les mythes d’origine des PLaNTes cultivées sont d’une très grande diversité, comme le rapporte Jean-Loic Le Quellec et Bernard Sergent, ce qui plaide a priori pour une origine récente de ces mythes, même si probablement cela fait bien plus longtemps que les hommes, et surtout les femmes, connaissent et comprennent la germination des plantes.

Au commencement passa la tĂŞte

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Derrière la germination, derrière les broussailles qui repoussent se cache l’idée du ReNouVellement de la nature qui VeRDoie après l’aVeRSe. Comme le chante Lao Tseu au Chant XXIII : « un tourbillon ne dure pas toute la matinée. Une averse ne dure pas toute la journée ». A la toute fin de son merveilleux ouvrage (P278), Colin Turnbull lui-même se laisse aller à la nostalgie et à l’émotion, alors qu’il compare l’apparence d’un camp abandonné, rattrapé par la FoRêT, avec un nouveau campement, aux HuTTes toutes NeuVes et toutes VeRTes, plein de vie.

Cette émotion du renouveau, de la ReNaiSSanCe, est là encore très, très archaïque. Zarathoustra y revient souvent, en particulier au Chant XV, §11 (P201)

Mazda, tant que j'ai la force et l'énergie je ferai, dans le rayonnement de la Justesse, Tes louanges. Toi, ô créateur de l'existence, dans la lumière de la Pensée juste réalise le plus grand désir de Tes disciples qui est la rénovation et le ReNouVeau du monde.

Et l’on va donc trouver « Sha » avec ce sens de NouVeau, de CoMMeNCement, comme par exemple en Akkadien, avec eShShum qui signifie ce qui est nouveau, FRaiS ou en Egyptien avec ShAO qui signifie commencer.

Alors je vois déjà les petits malins, mes meilleurs élèves, qui se rappellent qu’on a déjà vu la thématique de l’émergence avec « Ra » – qui incarne par excellence l’éMeRGence. La différence, si l’on peut dire entre « Ra » et « Sha », c’est que « Ra » c’est DyNaMique, quasiment iNSTantané, et c’est PoNCTuel, alors que « Sha » est fondamentalement PRoGReSSif, se déroule dans le temps, et est surtout CyCLique, comme on le verra dans quelques instants.

Et puisque nous en sommes à l’émergence, il est à présent temps de reparler de la TêTe, ReʔSh en hébreu, RaʔS en Arabe – l’éMeRGence par excellence, PuiSSante « et en même temps » PRoGReSSive. ReʔSh c’est un mot fondamental en hébreu – car il fusionne « Ra » et « Sha ». La tête, je vous l’avais déjà dit, c’est ce qui émerge en PReMier hors du SeiN de la MèRe qui aCCouChe et qui … PouSSe. « Poussez madame, poussez ! » ça, les FeMMes l’entendent aussi depuis la nuit des temps – bien avant même l’émergence de notre espèce. Serge Dunis l’a parfaitement identifié dans son merveilleux ouvrage L’Ours, la Vague la Lionne, Anthropologie de la mort en couches. On y reviendra.

Et l’on retrouve encore la symbolique du PaSSage, le DéTRoiT par où le BéBé doit passer pour venir au monde – passer qui est, rappelons-le, extrêmement aussi polysémique, n’est-ce pas Polisson ? « Oui, il est aussi Rose 🩷 Violet 🟣 Rouge 🔴 Marron 🟤 et Noir ⚫ » – oui, PouSSer et PaSSer c’est très proche.

La TêTe on la retrouve dans WeReS en Egyptien qui signifie le repose-tête, mais aussi dans meRaʔaShowt le CheVet, le CouSSin. Mais pour en revenir à ReʔSh ce mot signifie beaucoup d’autres choses que la tête – à commencer par la pierre de fondation RoʔShah, mais aussi le SoMMeT d’une montagne, le CheF, le meilleur – des champs sémantiques déjà abordés dans ma dernière vidéo Rose sur le sexe « et on la retrouvera même dans la vidéo Orange 🟠 » Tout à fait Polisson.

Mais surtout, pour revenir à l’émergence et à la rénovation du monde, ReʔSh c’est ce qui est NouVeau – que ce soit le nouveau vin tyRowSh, le MoûT qu’on a déjà rencontré dans mes vidéos sur « ShaTa », mais surtout les prémices ReʔShyt en hébreu comme par exemple dans ce merveilleux verset de l’Exode 34.26 qui fait le lien entre les PRéMiCes et la NaiSSanCe du chevreau « Les prémices nouvelles de ta terre, tu les apporteras dans la maison de l’Éternel ton Dieu. Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère. »

Où sont les cerfs ? Dans la Forêt !

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Oui ReʔSh c’est ce qui est nouveau, qui PouSSe 🌱, et qui pousse 👶. Et lorsque Homo Sapiens quittera la grande FoRêT, et qu’il s’aventurera dans la froide Europe, il va rencontrer des grands CeRFs, à la RaMure imposante, et des CheVReuils. Et le parallèle sera alors immédiat entre la forêt qui repousse et la ramure des cerfs qui CRoît au PRinTeMPs, entre avril et juillet. Elles seront souvent représentées – jusque même au Néolithique, alors que cet animal sauvage sera de moins en moins ConSoMMé – comme dans ces pots trouvés à Almeria en Espagne datant d’il y a 5000 ans représentant des cerfs avec une ramure se prolongeant bien au-delà du raisonnable (Le langage de la déesse p86).

Les CeRFs c’était très important au Paléolithique. Comme le notent Carl Schuster et Edmund Carpenter (P27), « on a retrouvé de nombreux exemplaires de BoiS de cerfs avec une PeRFoRation CiRCuLaire au niveau de l’emBRaNChement, souvent richement décorés et dont un tiers ont des poignées PhaLLiques ». On les appelle les « BâToNs PeRCés » j’aime bien le nom Polisson, encore mon RoND et mon aRBRe. Notre bâton TRou dont on a longuement parlé dans ma dernière vidéo – qui est encore une énigme pour les Pharisiens, mais pas pour le Paraklet. Tiens d’ailleurs Polisson, Carl SChuSTeR, encore un anthropologue juif qui portait bien son nom : Schu-ster – le cordonnier, la ChauSSure.

Bref, Schuster et Carpenter font le rapprochement avec les PoTeaux FouRChus en Afrique de l’Ouest marqués d’un RoND au niveau de l’emBRaNChement et rappelle que « dans de nombreuses cultures, les BoiS et les CoRNes sont des symboles de FeRTiLité et de PuiSSance, disposant de PouVoiRs divins en tant qu’eXCRoiSSance de la TêTe » ReʔSh. « Ra-Sha ». Comme le Paraklet, ils jouent d’ailleurs eux aussi avec les mots – en citant « BeaM » en anglais qui signifie à la fois le RaYon lumineux, le bois de l’aRBRe mais aussi celui des CeRFs – plus spécifiquement la BRaNChe principale d’où partent les différentes branches.

Et c’est intéressant, car si vous vous souvenez, les RaYons, on en a beaucoup parlé avec le son « Ra » – ces mêmes rayons qu’on retrouve aussi souvent iNCiSés sur le pourtour du TRou des BâToNs PeRCés. « Sha Ra ». Le CeRF. « Ra Sa ». La TêTe qui rayonne, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Et oui, MoSheh en redescendant de la montagne, Exode 34, 35 mais contrairement à ce que pensent les Pharisiens, cerf et CheVReuil, ne viennent pas de KéRaos la CoRNe en grec – mais de ReʔSh. « Ra-Sha ».

Vous avez du mal à me croire ? A votre avis, comment dit-on CeRF en allemand ? hiRSCh- j’en sais quelque chose, j’ai étudié à l’école primaire Lucien de Hirsch – qui publiait un petit journal qui s’appelait le cerf enchaîné. Et comme vous pouvez le constater Hirsch ça n’est pas « Qa Ra » mais bien « Ra Sha ».

Rise up ! (but from the dead)

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En fait, derrière ces RaMures qui ReNaiSSent au PRinTeMPs, derrière ces PouSSes qui BouRGeoNNent à Pâques, eaSTeR en anglais, c’est toute la symbolique de la RéSuRReCTion qui se cache. Car oui, la croyance en la résurrection, c’est là encore très ancien. C’est un de ces universels mythologiques que l’on retrouve dans toutes les cultures du monde (Dictionnaire Critique de Mythologie P1120), même si cela fut souvent oublié, en particulier par les Saducéens en Palestine romaine il y a 2000 ans, qui n’y croyaient pas, à la différence des Pharisiens, qui pour une fois étaient du bon côté de l’histoire - comme le rapporte Mireille Hadas-Lebel dans son livre Les Pharisiens (P61).

Et quand, dans l’Evangile de Jean 12, Jésus affirmera « En vérité, en vérité, je vous le dis : Si le GRaiN de BLé, après être tombé dans la TeRRe, ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de FRuiT », ça n’était pas NouVeau, bien au contraire. C’était très ancien.

Dans l’Égypte Antique, le grand mythe fondateur, c’est celui d’Osiris WeSIR Tué et démembré par Seth SeT son frère cadet et sa RéSuRReCTion est orchestrée par Isis ASeT iSiS en grec, qui a donné le prénom Isidore. En Egyptien SuWAI signifie TRéPaSSer – et oui Polisson, bien sûr il est aussi Noir ⚫. Et un des symboles de la résurrection, c’est l’Ankh ONḪ, la CLeF de Vie, en forme de RoND qui couronne une CRoiX à TRoiS BRaNChes…

En Arabe, la RéSuRReCTion, c’est NaShaRa – en particulier dans la Sourate Al Furqane 25 dont c’est un thème important, avec une magnifique allégorie du Jour comme résurrection après la Nuit dont on reparlera dans ma prochaine vidéo « D’accord mais NaShaRa c’est aussi Rouge 🔴 et Noir ⚫ ». Enfin, dans la mythologie Nordique, comme le rapporte Marija Gimbutas, Freya la déesse de la mort et de la RéGéNéRation était quant à elle surnommée Syr. Syr que la plupart des commentateurs rapprochent de la TRuie – le SaNGLier étant étroitement associé à Freya. Mais comme ces commentateurs sont des Pharisiens, ils n’ont pas pu voir le rapport entre Syr et la résurrection…

Bon pour être plus précis, les chasseurs cueilleurs ne croient pas en la RéSuRReCTion, mais en la RéiNCaRNation. Comme les Eskimos dans l’Arctique pour qui, pour citer Schuster et Carpenter, « toute Vie est éTeRNelle, et ne se déroule que dans ce monde. Les MoRTs sont toujours avec nous, réincarnés dans de nouveaux CoRPs. La mort est comme le SoMMeil : dans les deux cas, le corps se réveille […] Lorsqu’une FeMMe aCCouChe, une vieille femme se tient à ses côtés et récite en boucle les noms des anciens diSPaRus. Lorsque la TêTe du BéBé apparaît, le nom qu’elle était en train de prononcer devient le NoM de l’enfant […] Encore aujourd’hui, beaucoup d’Eskimos sont indifférents à la vie après la mort. L’aRRêT du cœur n’est qu’un événement dans le CyCLe de la vie et de la mort […] Ils ne se posent pas de question métaphysique. Ils se contentent d’affirmer que la mort n’est pas une fin, mais le CoMMeNCement d’une NouVelle PhaSe dans ce cycle sans FiN […] Et ils assurent qu’ils peuvent prendre tous les risques, se débarrasser de leurs possessions matérielles, car ils sont iMMoRTeLs […] Comme si pour eux, la vie transcendait le TeMPS. Elle ne peut pas disparaître, car la mort, comme la NaiSSanCe, ne sont que des PoiNTs dans le temps, alors que la vie se déroule hors du temps »

Plus tard, au fur et à mesure que va s’affirmer la conscience de soi au Paléolithique Supérieur – sur laquelle je reviendrai aussi bientôt - la MoRT est devenue un DéChiRement, et la RéSuRReCTion, une espérance. Les plus sages, comme Lie-Tseu savaient toutefois bien que c’est la mort qui permettait aux JeuNes de prendre leur place, comme la DeSTRuCtion permettait aux jeunes PouSSes de pousser et au monde de se ReNouVeler. Pour réconforter un jeune prince qui pleure à l’idée de mourir, Lie Tseu explique (Sur le Destin P54) :

Si les hommes éminents pouvaient se ConSeRVer pour toujours en Vie, le Grand Duc et le duc Houan seraient encore là. Si les hommes courageux pouvaient se conserver pour toujours en vie, alors les ducs Tchouang et Ling seraient encore là. Si tous ces princes vivaient encore, notre prince habillé d'un manteau de JoNC, avec un couvre-chef de PaiLLe, VéGéTerait au milieu des ChamPs. Dans un état aussi humble, vous n'auriez même pas eu le loisir de songer à la mort. D'ailleurs, comment eût-il été possible que notre prince montât sur le TRôNe ? Grâce à l'aLTeRNance (qui nous) fait résider ici-bas et puis quitter cette condition, votre TouR est arrivé de devenir prince. Que vous versiez à cause de cela des larmes, prouve que le sens de l'humain vous est étranger.

Où l’on retrouve encore cette idée d’aLTeRNance, d’eNChaîNement …