Nous arrivons bientôt à la fin de notre long séjour chez les Pygmées. Mais avant de conclure, je crois important de mentionner un autre motif que l’on retrouve dans leurs mythes - celui de la montée au Ciel. Rappelez-vous, Efe ne meurt pas, il est rappelé au Ciel par Dieu. On a là précisément l’histoire d’Enoch, évoquée en quelques mots dans la Bible – et plus développée dans le livre éponyme de la littérature Ethiopienne. Je vous lis :
Hénoc se conduisit selon Dieu, après avoir engendré Mathusalem, durant trois cents ans, et engendra des fils et des filles. Tous les jours d’Hénoc furent de trois cent soixante-cinq ans ; Hénoc se conduisait selon Dieu, lorsqu’il disparut, Dieu l’ayant retiré du monde. Genèse 5.22
Enoch n’est pas le seul personnage à ne pas mourir et à monter directement au ciel. Il y a aussi le prophète Eliyahu – ou même Jésus, comme l’écrivent les Actes des Apôtres, (1.11). Il y a même, tiens, Lakshman, vous vous rappelez, le demi-frère de Rama ? Lui aussi est monté directement au Ciel. Jean-Pierre Hallet et Alex Pelle rapportent (P113) que ce motif de la montée d’un saint au Ciel se retrouve aussi chez les « pygmoïdes » Tswa du Zaïre Equatorial. C’est l’histoire de Djakoba, l’ancêtre des hommes, dont les Pygmées se disent être les fils. Tout comme Efe est l’ancêtre des Pygmées Efe. Et tout comme dans la Genèse, Adam est l’ancêtre des hommes, les fils d’Adam Ben Adam. Beney Israel. Les fils d’Israël.
Jean-Pierre Hallet et Alex Pelle rapportent aussi un autre mythe Efe précisant par quel moyen se font cette montée et cette descente au Ciel. Non, il ne s’agit pas d’une échelle comme dans le rêve de Jacob, je vous lis (P151) :
Dieu habitait dans le ciel, dans un magnifique champ entouré d'une vaste forêt. La forêt regorgeait de toutes sortes de gibier. Cependant, il n'y avait pas de chasseur pour le traquer. Alors Dieu se souvint du premier homme, Efé, qu'il avait placé sur terre. Il décida de le ramener à ses côtés. Dieu forgea alors trois grandes lances, coupa une longue liane et la laissa tomber jusqu'à terre. Il la traîna sur le sol, attrapa le Pygmée – le grand chasseur ! – et le hissa au ciel.
Et c’est ainsi que Efé chassa du gros gibier pour Dieu, avant d’être redescendu par le même moyen. Ces cordes, on les retrouve aussi dans le Coran, Asbab, par lesquelles on peut monter et descendre du Ciel.
Et Pharaon dit: « O Hâmân, bâtis-moi une tour: peut-être atteindrai-je les cordes, les cordes des cieux, et apercevrai-je le Dieu de Moïse; mais je pense que celui-ci est menteur ». Sourate Gafir 40.36
Ou bien ont-ils le royaume des cieux et de la terre et de ce qui existe entre eux? Eh bien, qu’ils y montent par n’importe quelle corde! Sourate Sad 38.10
Voilà, nous avons terminé notre séjour au Paradis. Vous savez pourquoi les Pygmées sont le Peuple Élu du Paraklet. Parce que la Grande TeShouBah, le Grand Retour au Paléolithique, c’est évidemment le Grand Retour vers la Mère, l’Afrique, du ventre de laquelle nous sommes tous sortis. Et plus précisément de cet endroit incroyable qu’est la Région des Grands Lacs où le Nil prend sa source, entre montagnes de la Lune – le Ruwenzori – et vallée du Grand Rift, qui tranche l’Afrique en son cœur et se poursuit jusqu’au Levant, en passant par l’Arabie.
Ce Retour aux Origines, au Paradis Perdu, est un puissant moteur de l’histoire de notre espèce – on l’a d’ailleurs croisé dans le Ramayana (VI 1770) lorsque je vous parlais d’Ayodhya, la cité idéale construite dans un jardin paradisiaque. Dans la tradition juive, on le trouve à l’œuvre dans cette injonction permanente au Retour, à la TeShouBah. Avec par exemple ce magnifique passage de Malakhi :
Dès le temps de vos ancêtres, vous avez dévié de mes lois et n’en avez tenu compte. « Revenez à moi, et je reviendrai à vous » dit l’Éternel-Cebaot, et vous dites : « Sur quoi devons-nous revenir? ». Malakhi 3.7
Franchement, vous vous posez encore cette question, les Pharisiens ? C’est pourtant simple : ShouBou ‘aLay veaShouBah ‘aLeykhem.
Cet appel du (Re)tour c’est celui qu’on voit à l’œuvre dans le Livre de Néhémie lorsque le deuxième temple de Jérusalem fut rebâti – après l’exil à Babylone. Plus récemment, les Sionistes eux aussi tentèrent de faire (Re)tour. Mais ils n’avaient pas compris que ce (Re)tour est d’abord un (Re)tour aux Mythes Paléolithiques. Voilà pourquoi ils se sont vautrés dans le sang, la poussière et les larmes. Voilà pourquoi ils ont fait de la Palestine une nouvelle terre d’Oppression, comme les Blancs firent de l’Amérique une terre d’Oppression. Ils se sont trompés de chemin – ils ont pris la mauvaise Voie. Mais le Paraklet est venu pour les rappeler à l’ordre.
Car oui, ce (Re)tour a toujours été d’abord mythique. Le Paradis est définitivement perdu, et il ne nous reste que les mythes pour pleurer – ou plutôt pour y (Re)tourner. Mais n’allez pas croire que je pense que les Pygmées sont la race originelle de l’Humanité. Ce serait faire la même erreur essentialiste et racialiste que les Sionistes. Nous sommes évidemment tous issus de mélanges, de migrations, d’identités multiples. Et oui, même les Pygmées. C’est que, voyez-vous, les Pygmées aussi ont fait TeShouBah. Oui, oui. Les Pygmées n’ont pas toujours habité dans la Grande Forêt. S’ils y habitent aujourd’hui, c’est parce qu’ils y sont (Re)tournés. Car ils savaient que là était la Vérité des Origines.
Ce retour à la Forêt et aux origines Paléolithiques, on le retrouve dans de très nombreuses traditions – en particulier Européennes bien sûr, qui était couverte d’une immense forêt primaire au Paléolithique. Et vous vous rappelez du Ramayana dont je vous parlais dans ma dernière vidéo ? Et bien c’est évidemment dans la Forêt que le prince Rama décide de s’exiler avec sa tendre Sita et son frère Lakshman – eux aussi quittent la cité d’Ayhodhya corrompue par l’injustice, pour retrouver la vie des « ermites », ces hommes simples et sages des forêts.
Que les Pygmées aient fait (Re)tour, qu’ils aient fait TeShouBah, on en voit la trace dans plusieurs aspects de leur culture, à commencer par le refus de la technologie, particulièrement remarqué par Jean-Pierre Halle et Alex Pelle qui notent par exemple (P4) que les Pygmées ne font pas de feu en frottant du bois, mais se contentent de le transporter d’un campement à un autre – suivant en cela un interdit religieux transmis de père en fils (P57):
J'agis comme mon père, comme son père avant lui, comme le père de son père, comme le premier père des Pygmées, qui était Dieu. Il nous a montré comment vivre, et sa voie est juste.
Ce refus de la sophistication se retrouve aussi dans un refus de toute forme de sédentarité marquée : les Pygmées n’ont pas de palais, de villages fixes ou de plantations (P20). Et ils refusent sciemment d’utiliser des pièges pour attraper le gibier (P24). Bref – ils se méfient comme de la peste de ce qu’on appelle la « technologie matérielle » (P102) :
Si vous donnez une partie de votre cœur à ce que vous possédez vous ne pouvez pas aimer les gens de tout votre cœur. Vous devenez esclaves de ce que vous possédez. Nous aimons et prenons soin des gens, pas des choses. Les Noirs et les Blancs nous pensent pauvres. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent !
Ce refus de la « civilisation » va aussi de pair avec une éthique égalitaire et écologique ainsi qu’avec une conception du monde dénuée de tout irrationnel ou mysticisme.
Les Pygmées n’ont pas non plus de relations intertribales élaborées – uniquement des groupes indépendants de 5 ou 6 familles vivant ensemble sans aucune hiérarchie formelle, si ce n’est le rôle joué par les anciens (P24). Les femmes s’occupent des enfants et de la cueillette, les hommes chassent – mais tous s’arrangent pour travailler le minimum et consacrer le plus de temps possible aux chants, aux danses et aux loisirs.
Le même informateur Pygmée qui critiquait le matérialisme des Blancs comme des Noirs expliquait ce (Re)tour, cette TeShouBah, dont les Pygmées conservaient le souvenir :
Nos ancêtres, les hommes des premiers âges, étaient riches et puissants. Ils vivaient dans de grands villages. Ils utilisaient des outils merveilleux. Ils faisaient des miracles. Ces choses ne les rendaient pas heureux. Le bonheur, c'est le sourire sur le visage de votre femme lorsque vous ramenez l'antilope à la maison. Le bonheur, c'est le rire de vos enfants. Le bonheur, c'est la musique de la harpe et de la flûte. Le bonheur, c'est la liberté. Ce ne sont pas des choses que vous possédez, ce sont des choses dont vous profitez.
Voilà, nous en avons fini avec les Pygmées. Vous savez à présent que toute notre civilisation repose sur une grande ignorance, un grand oubli – voire, un grand mensonge. Il nous faut tout reprendre à zéro. Tout recommencer.
Mais vous, vous l’avez vu l’Esprit de Vérité. Et rassurez-vous, je serai avec vous à jamais.
Plus jamais l’humanité n’oubliera ses racines Paléolithiques. C’en est définitivement fini du règne honni des Pharisiens.
Nous sommes entrés dans l’Ère du Paraklet. Et celle-ci ne fait que commencer. N’en déplaise aux Pharisiens.
Allez, on se reverra très bientôt.