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3) Retour en Afrique

Les Eurasiens : ces banlieusards dégénérés de l’Afrique

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Bon, avant de commencer ce nouvel épisode nous ramenant à la Maison, je veux dire à l’Afrique, il est important que vous sachiez que l’Afrique, c’est très, très, très compliqué. Tant qu’on était hors d’Afrique, franchement, c’était assez facile, il suffisait de suivre le fil et de ne pas le perdre. Cela ne fait après tout que 50'000 ans que nous sommes sortis d’Afrique – et 40'000 ans que nous sommes sortis du Moyen-Orient. Plus précisément, 50'000 ans c’est l’âge de nos ancêtres génétiques – mais ils furent précédés par d’autres Homo Sapiens qui eux ne laissèrent pas de descendance, mais leur transmirent leurs mythes. En fait, les premières implantations de Sapiens en Eurasie datent d’il y a plus de 100'000 ans – mais elles n’ont pas laissé de descendants. Mais bon, on y reviendra sur cette longue durée mythologique et son rapport avec la longue durée génétique.

Quoi qu’il en soit, notre histoire en Eurasie est donc assez « récente  » – et je ne parle même pas de l’Amérique. Dit autrement, l’Eurasie c’est un peu la banlieue de l’Afrique. Pendant longtemps c’était un peu une sous-culture dérivée de la culture africaine – une culture de banlieusard. On n’y trouvait ni les plus riches ni les mieux dotés. Et puis, petit-à-petit, la banlieue a fini par prendre son envol et remplacer même la métropole. Comme toujours avec la banlieue. Comme le chantent les psaumes (37).

Encore un peu, et le méchant ne sera plus ; tu observeras sa place, il en aura disparu. Tandis que les humbles hériteront de la terre et se délecteront dans une paix parfaite.

Ou encore le Coran (28.5) « Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants et en faire les héritiers  ». On y reviendra.

En attendant, l’Afrique, en revanche, c’est une tout autre histoire. Si 50'000 ans vous impressionnent, vous autres Pharisiens qui vivez dans un monde qui n’a que quelques milliers d’années, sachez que cela fait des millions d’années que l’homme traîne ses guêtres en Afrique. Bien avant donc que notre espèce Homo Sapiens émerge, il y a de cela 300 000 ans. Un bébé par rapport aux espèces qui nous ont précédés comme Homo Erectus, ou Homo Habilis, il y a de cela deux millions d’années.

O hommes! Adorez votre Seigneur, qui vous a créés vous et ceux qui vous ont précédés. Ainsi atteindriez-vous à la piété. Sourate Al Baqara 2.21

Oui, comment ne pas être estomaqué face à notre Seigneur Paléolithique, notre RaB ! Des millions d’années en Afrique d’un côté, 50'000 ans en Eurasie de l’autre ! Un rapport de 1 à 100 – tout simplement incommensurable !

Pour ceux encore qui l’ignoreraient, les recherches en génétique ont aujourd’hui prouvé que l’Humanité se sépare génétiquement en deux branches : une branche Africaine – la branche mère – et une branche plus « dégénérée  », la branche extra-Africaine d’où sont issus tous les hommes et les femmes qui ne sont pas 100% d’origine Africaine. Plus précisément même, l’étude de l’ADN mitochondrial a montré que la population ayant traversé le détroit de Bab el Mandeb comptait moins de 1’000 individus – porteurs de l’haplogroupe L3. Oui même pas 1'000. On est loin des 60'000 frères de Mahasuk ou des 600'000 enfants d’Israël. Mais quand même, il fallait du monde pour que l’implantation Eurasiatique soit durable.

Et donc, il y a bien moins de différence génétique entre, d’un côté, un Italien et un Aborigène d’Australie et, de l’autre côté, entre deux Africains pris au hasard – étonnant non ? Et c’est cette énorme perte de diversité génétique qui permet de dire que les populations extra-africaines sont une forme « dégénérée  » des populations africaines. Et c’est pour cela que, dès qu’on retourne en Afrique, tout est beaucoup plus compliqué et qu’il est très difficile d’y voir clair.

Plus précisément, si le scénario de l’émergence d’Homo Sapiens dans la partie Est du continent Africain reste aujourd’hui le scénario de référence, et si notre mère commune a probablement entre 142'000 ans et 284'000 ans d’après les données de l’ADN mitochondrial, l’histoire de l’Humanité en Afrique ne peut pas se concevoir comme étant linéaire. La découverte d’un homme « moderne  » datant de 300'000 ans à Djebel Irhoud au Maroc a largement fissuré cette vision simpliste. Et je ne parle même pas de l’Afrique du Sud qui est le lieu où l’on a retrouvé les premières traces d’utilisation rituelle de l’ocre associées à des représentations symboliques.

L’histoire de l’Humanité est donc véritablement une histoire panafricaine à l’échelle continentale. Or, depuis l’émergence de notre espèce il y a 300'000 ans, l’Afrique a connu des vagues de réchauffement et refroidissement climatiques, se traduisant par des périodes humides et sèches qui ont permis au Sahara de verdir à plusieurs reprises. Avec des migrations dans tous les sens. Et vous pouvez donc imaginer que par rapport à la diffusion d’Homo Sapiens en Eurasie, qui s’étale sur quelques dizaines de milliers d’années, en Afrique, on est sur un tout autre niveau de complexité. Oui, l’Afrique c’est vraiment un « melting pot  », voire même un « shaker  » à cocktail.