C’est d’ailleurs par ce souvenir d’un jardin originel, d’où fut expulsé l’Humanité corrompue que commence la Bible. Comme je vous le disais dans ma dernière vidéo, la géographie précise est bien sûr assez difficile à décoder, mais de nombreux détails de la Genèse pointent vers l’Afrique – à commencer par la mention explicite du pays de Koush que les commentateurs juifs ont toujours rattaché à l’Afrique. Mais il y a un autre passage, un peu moins connu, qui nous donne une indication sur la localisation de ce jardin d’Eden, en Genèse (13.10) – avant que Sodome et Gomorrhe ne soient détruites :
Loth leva les yeux et considéra toute la plaine du Jourdain, tout entière arrosée, avant que l’Éternel eût détruit Sodome et Gommorhe ; semblable au jardin de l’Eternel (GaN YHWH), à la contrée d’Egypte, et s’étendant jusqu’à Tso’aR. Genèse 13.10
Ce Jardin de l’Éternel est ici directement rattaché à l’Égypte – et on a la mention d’un autre lieu énigmatique, Tso’aR – où l’on retrouve notre racine TsaRa, celle de l’oppression et de l’Egypte.
Le Livre d’Enoch - l’autre grande source « Biblique » conservée par les églises et les juifs d’Éthiopie, avec le Livre des Jubilées – nous donne plus de détails (P34). On y apprend que ce Jardin de Dieu se trouve au milieu de la Terre, près d’une région où se trouvent trois montagnes et une faille profonde et sèche au milieu d’elles. Ce ravin, cette faille profonde, est destiné à ceux qui maudiront l’Éternel. C’est là que les méchants seront jugés. Au contraire les montagnes qui entourent le Jardin de l’Éternel sont enveloppées de nuages qui abreuvent des rivières et des torrents. Un peu plus loin (P55), on apprend que c’est dans ce Jardin que résident les Justes et les Élus – tout ceci se passant près de la Mer Rouge (P85).
Et bien mes enfants, vous avez ici une description assez exacte du Grand Rift et de la zone des Grands Lacs. Et ces Élus et ces Justes qui vivent dans le jardin existent bel et bien. Ce sont les Pygmées. Voilà pourquoi ils sont le Peuple Élu du Paraklet. Ce motif des Jardins Suspendus des Élus doit vous rappeler quelque chose:
Ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres, Allah les fera entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux. Et ceux qui mécroient jouissent et mangent comme mangent les bestiaux; et le Feu sera leur lieu de séjour. Sourate (47.12)
Ce motif est central dans le Coran, probablement le plus structurant de tous. Il n’a rien de chrétien, rien de juif, rien de musulman. Il nous provient d’Afrique, de la Région des Grands Lacs plus précisément.
D’après Jean-Pierre Hallet et Alex Pelle, (P30) certains auteurs Arabes aussi pensaient que le Paradis se trouvait aux Sources du Nil, dans la Région des Grands Lacs donc. Ils rapportent aussi que l’égyptologue et orientaliste anglais Wallis Budge notait dans son Le Livre des Morts Égyptien :
Dès les premiers temps, ils se sont représenté un paradis matériel où les Îles des Bienheureux étaient baignées par les eaux du Nil, et dont l’accès se faisait par son cours coulant vers le nord.
Jean-Pierre Hallet et Alex Pelle rapportent aussi (P34) des inscriptions Égyptiennes qui feraient mention de « petits hommes du pays des arbres et des esprits, au pied des montagnes de la lune ». Ils se permettent même (P32) d’évoquer l’hypothèse – ces fous ! – que l’Euphrate de la Bible pourrait ne pas être l’Euphrate de la Mésopotamie. Oui, ils imaginent même – ces furieux ! – que nos ancêtres auraient réutilisé les mêmes toponymes à différents endroits et différents moments de l’histoire de l’Humanité.
Mais il n’y a pas que les Égyptiens, les Masaïs aussi. Cette ethnie semi-nomade de l’Afrique de l’Est (P35) pense en effet que les Pygmées sont les plus proches des hommes ancestraux des origines. Jean-Pierre Hallet et Alex Pelle citent (P127) l’histoire Masaï du premier homme médecine qui serait descendu du Ciel et qu’on aurait trouvé assis au sommet de la montagne. Il était si petit qu’on pensa au début que c’était un enfant. C’est dans le livre Les Masai de Claud Hollis.
Bref, vous comprenez maintenant pourquoi non seulement il existe des églises Chrétiennes en Éthiopie, mais surtout ce qu’elles nous enseignent sur nos origines communes : car nos ancêtres sont tous passés par l’Éthiopie, qui est toujours restée connectée à la péninsule Arabique depuis des dizaines de milliers d’années. Voilà pourquoi le Livre d’Enoch ou le Livre des Jubilées ne doivent surtout pas être considérés comme des produits dérivés de la Bible Hébraïque – surtout pas, malheureux Pharisiens !
Enfin, mais à ce stade c’est du détail, Jean-Pierre Hallet et Alex Pelle rapportent (P27/P119) que le mythe de création de l’humanité ressemble en de très nombreux points au récit biblique, avec un dieu unique, un jardin paradisiaque, un arbre défendu, un homme créé à partir de la poussière de la terre, et une méchante femme qui à force de cris et d’invectives, force son pauvre mari à cueillir le fruit défendu. Ce récit comprend même les instructions de « multiplier et procréer » sur laquelle la Genèse (1.28) insiste tant. Et il conclut par la fin de l’immortalité et du paradis, les douleurs de l’accouchement et la malédiction du dur labeur féminin soumis à l’homme. Allez, je vais vous la lire aussi cette histoire, tant qu’on y est (P145) :
Un beau jour, au ciel, Dieu ordonna à son principal assistant de créer le premier homme. L'ange de la lune descendit.
Oui on a même un ange et assistant – comme à Hawaï, qui fait écho avec la critique de ceux qui croient dans les assistants divins dans le Coran, même si le Coran fait « en même temps » de la croyance dans l’existence des Anges un des critères de la foi en dieu. Mais continuons :
Il modela le premier homme à partir de la terre, enveloppa la terre d'une peau, versa du sang dans la peau et perça des trous pour les narines, les yeux, les oreilles et la bouche. Il fit un autre trou dans les fesses du premier homme et y plaça tous les organes. Puis il insuffla sa propre force vitale dans la petite statue de terre. Il entra dans le corps.
Ici on retrouve le motif de l’homme créé à partir de la terre et animé à partir du souffle divin de la Genèse.
Mais continuons :
Il bougea… Il s'assit… Il se releva… Il marcha. C'était Efé, le premier homme et le père de tous ceux qui suivirent. Dieu dit à Efé : « Fais des enfants pour peupler ma forêt. Je leur donnerai tout ce dont ils ont besoin pour être heureux. Ils n’auront jamais à travailler. Ils seront les maîtres de la terre. Ils vivront éternellement. Je ne leur interdis qu’une seule chose. Écoute bien : transmets mes paroles à tes enfants et dis-leur de transmettre ce commandement à chaque génération. L’arbre tahu est absolument interdit à l’homme. Tu ne dois jamais, sous aucun prétexte, violer cette loi. » Efé obéit à ces instructions. Lui et ses enfants ne s’approchèrent jamais de l’arbre. De nombreuses années passèrent. Puis Dieu appela Efé : « Monte au ciel. J’ai besoin de ton aide ! » Efé monta donc au ciel.
Ici le récit change un peu, car le premier homme créé par l’Ange de la Lune, Efe, le père de tous les hommes est appelé par Dieu et monte directement au Ciel. On va y revenir dans un instant.
Après son départ, les ancêtres vécurent selon ses lois et ses enseignements pendant très, très longtemps. Puis, un jour terrible, une femme enceinte dit à son mari :« Chéri, je veux manger du fruit de l’arbre tahu ». Il dit : « Tu sais que c'est mal ». Elle demanda : « Pourquoi ? » Il dit : « C'est illégal » Elle dit : « C'est une vieille loi ridicule. De qui te préoccupes-tu le plus : moi ou une vieille loi ridicule ? » Ils se disputèrent, se disputèrent. Finalement, il céda. Son cœur battait la chamade de peur tandis qu'il s'enfonçait furtivement dans la forêt profonde. Il s'approchait de plus en plus. Il était là : l'arbre interdit de Dieu. Le pécheur cueillit un fruit de tahu. Il le pela. Il cacha la peau sous un tas de feuilles. Puis il retourna au campement et donna le fruit à sa femme. Elle le goûta. Elle pressa son mari d'y goûter. Il le fit. Tous les autres Pygmées en mangèrent un morceau. Tous mangèrent le fruit défendu, et tous pensèrent que Dieu ne le découvrirait jamais. Pendant ce temps, l'ange de la lune observait d'en haut. Il transmettait précipitamment un message à son maître : « Le peuple a mangé le fruit de l'arbre tahu ! » Dieu était furieux. « Vous avez désobéi à mes ordres », dit-il aux ancêtres. « Pour cela, vous mourrez ! »
Enfin, Jean-Pierre Hallet et Alex Pelle rapportent aussi (P67) un mythe semblable à celui de la Tour de Babel, qui raconte comment aux origines, les premiers hommes vivaient heureux et en paix et parlaient la même langue.
Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables. Genèse 11.1
Mais ils finirent par se disputer entre eux et c’est pour cette raison que Dieu mélangea leurs langues et qu’ils furent dispersés. Vous vous rappelez, je vous ai déjà dit dans ma vidéo S2 à quel point la Forêt haïssait le bruit des disputes entre Pygmées …
Bon, récapitulons. De nombreuses traditions rattachent le Paradis Perdu aux Sources du Nil et aux Montagnes de la Lune – dans la Région des Grands Lacs d’Afrique de l’Est. Les Pygmées Efe ont par ailleurs de nombreux mythes à forte résonnance biblique – à commencer par celui de la création de l’homme dans le jardin d’Eden et le péché originel. Ceci plaide pour une origine Est-Africaine de ces mythes et leur dispersion en Eurasie après la sortie d’Afrique d’Homo Sapiens.