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Je ferais le tour du monde

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Je peux bien vous l’avouer, j’étais content de cette petite trouvaille – car ce concept de site de boucherie me permettait aussi de rapprocher le sens d’explorer qu’a le mot « TouR » dans beaucoup de langues, en particulier en anglais, en hébreu et en français – avec l’expression « partir faire un tour ». Mon idée c’était que « Tour », cela signifiait rechercher le meilleur SiTe de boucherie possible, le meilleur ʔaTaR.

Comment ? TuwR en hébreu ça ne vous dit rien ? Désolé vous avez raison. TuwR on le retrouve dans le livre des Nombres, chapitre 13, dans le fameux passage des explorateurs, qui vont partir explorer la terre de KaNaʕaN et en revenir avec une description ambigüe – ce qui précipitera l’eRRance du peuple d’ySRaʔeL dans le DéSeRT pendant 40 ans. On retrouve aussi TuwR avec le sens d’exploration dans la prière du SheMaʕ, qui nous enjoint à contrôler nos désirs d’exploration « Velo taTuwRuw ».

Ce sens d’exploration associé à « Tour » ou « TaRa », on le retrouve aussi dans le mot trouver, provenant du latin TRoPos et qui a beaucoup de sens différents lui aussi, 10 pour être exact, d’après Wiktionnary. On le retrouve aussi dans l’anglais TRy qui signifie eSSayer. TRy est très intéressant, car ce verbe a aussi le sens de juger. Et j’ai été longtemps intrigué par ce double sens d’essayer et juger du mot « Try ». Mais je peux vous assurer une chose : j’étais loin d’imaginer à l’époque que je finirai comme aTToRNey, ou Paraklet, au procès, au « TRial », des pharisiens de la linguistique et de l’anthropologie !

La terre n’est pas assez ronde

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Mais bon, revenons à l’exploration. Explorer, c’est fondamental chez Homo Sapiens. On peut même dire que c’est ce qui caractérise notre espèce, qui a réussi à coloniser toute la terre, des déserts les plus chauds, aux pôles les plus froids. Pas étonnant que tous les ethnologues et les anthropologues adorent voyager aux quatre coins du globe. enfin presque tous. Claude Lévi-STRauSS lui, « haïssait les voyages et les explorateurs » pour reprendre sa phrase célèbre par laquelle il commence son roman majeur, Tristes Tropiques, dont je vous ai déjà parlé.

Bon il haïssait probablement plus les explorateurs que les voyages, lui qui a quand même passé plusieurs années au Brésil, qui fut son laboratoire ethnographique, où à new-york, pendant la deuxième guerre mondiale. tiens ? Mais moi aussi j’aime beaucoup le Brésil. Et moi aussi j’ai passé quelques temps à New York. Décidément le fantôme de Claude Lévi-Strauss ne me quitte pas.

Groupe d’explorateurs
Figure: Groupe d’explorateurs

Ça ne tourn’rait pas plus qu'ça

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Mais pour en revenir aux voyages, il n’y a pas d’exploration qui ne comporte sa part de surprises et d’inattendu. Car qui dit explorer dit apprendre sur le tas, tenter, eSSayer, « TRy », voire même s’y prendre à plusieurs fois. Bref qui dit explorer dit iTéRer, du latin iTeRum.

L’itération c’est fondamental dans l’activité humaine. On connaît tous le vieux proverbe « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ». Et dans l’entreprise, c’est en itérant que progressivement on améliore un PRoCeSSus ou une TeChNoLoGie. En informatique bien sûr, l’itération est incontournable. Qui ne sait pas encore ce qu’est une boucle « FoR / NeXT » en informatique ? Peut-être mes chers linguistes et anthropologues pharisiens, et encore.

Mais bon, pour ceux d’entre vous qui ne savent pas ce dont je parle, itérer en informatique, cela signifie parcourir une Queue, une FiLe, un RaNG, une SéQuence d’objets, en passant de l’un au SuiVant. En hébreu, un rang ou une file se dit aussi TowR que l’on retrouve dans le livre d’Esther, ʔeSTeR, en particulier. On retrouve aussi ce sens de rang dans l’anglais TieR - « second tier » de second rang. ou même dans l’expression TiRer au SoRT – où l’on visualise une séquence ou un groupe et une sélection d’un élément parmi ce groupe ou cette séquence, qu’elle soit TRiée ou non.

Mon manège à moi c’est toi

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Bref, j’étais assez content d’avoir pu faire ce rapprochement entre le site de boucherie au Paléolithique et le sens d’explorer qu’a le mot « Tour ». Mais j’avoue qu’il ne me satisfaisait qu’à moitié. Car, le mot « Tour » a 20 sens différents – oui 20 ! Et celui qui nous vient immédiatement à l’esprit, ça n’est pas explorer, mais … TouRNer, de ToRNus, le tour de PoTieR qui provient de ToRNos, le compas en grec et TRoQos, qui signifie le tour de potier. Sens de « tourner » que l’on retrouve aussi dans la métathèse RoTa qui signifie la Roue.

Les étymologistes font dériver TRoQos de TRéQô qui signifie courir vite – mais il est en fait beaucoup plus probable que ce soit TRéQô qui dérive de TRoQos: oui désolé, courir vite, ça n’est pas faire une trace comme je vous le disais dans ma dernière vidéo, mais plus probablement se déplacer aussi vite que la poterie qui tourne sur le tour.

Ce sens de « tourner », on le retrouve aussi à plusieurs endroits dans l’Enuma Elish, la théogonie Akkadienne, dans les tablettes II, verset 88, IV, verset 24 et VII verset 153 où TaRuM signifie « demi-tour ». On le trouve aussi dans TeRGum, vous vous rappelez la peau du dos de l’animal, que l’on ReTouRNe, et d’où provient TeRGiVeRSer – mais surtout dans TuRBo le TouRBiLLon, d’où provient la TouRMente, où dans TuRBa, TuRBè en grec qui signifie le TRouBLe, la FouLe qui BRaSSe. Tourne, tourne, petit MaNèGe

Enfin on retrouve ce sens de « tourner » dans TRéPô, d’où provient TRoPè le tour et TRoPiKos TRoPiQue, qui évoque le CyCLe des SaiSoNs – tout comme TeR en Egyptien qui signifie aussi la saison, que l’on retrouve dans ITeRuW, le Nil, avec ses CRues saisonnières. Rappelez-vous je vous en ai parlé dans ma dernière vidéo, en rapprochant ces deux mots du concept d’aBoNDance - ʕaTaR. Et bien maintenant, vous savez que l’abondance, c’est toujours cyclique. Pas d’abondance sans DiSeTTe.

Tiens d’ailleurs, ça ne vous rappelle rien les tropiques? Tristes tropiques! « Triste », on l’a vu dans ma précédente vidéo, et « Tropique », dans celle-ci. Intriguant, vous ne trouvez pas, ce rapprochement entre le titre de l’œuvre phare de Claude Lévi-STRauSS et le son « Ta Ra » de la TowRah ? Encore plus étonnant quand on connait la relation problématique qu’entretenait Claude Lévi-Strauss avec le judaïsme, la religion de ses ancêtres … Oui, décidément, le fantôme de Claude Lévi-Strauss ne me quitte pas.

Mais bon, pour conclure, on retrouve enfin ce sens de « tourner » en hébreu avec KeTeR, la CouRoNNe, la TiaRe, qui eNTouRe. On le retrouve aussi dans TyRos le FRoMaGe, BouTyRon, le BuTTeR, la motte de BeuRRe – qui a d’ailleurs la même FoRMe que la BoSSe de dromadaire KiTR et KaTR en arabe. Et on le retrouve enfin dans TReSSe et ToRSaDe - rappelez-vous ShaR, SeR, c’est ce qui se noue, qui s’eNChaîNe, qui se TReSSe. La TReSSe, la ToRSaDe, c’est ce qui se ToRT, du latin ToRQueo d’où provient aussi la ToRTuRe et le TouRMent.