Ce qu’il y a d’intéressant avec ces CaBaNes de Terra Amata, c’est qu’on sait précisément à quoi elles ressemblaient, puisqu’on a retrouvé les TRaCes des TRous des Pieux qui étaient alignés très près les uns des autres pour constituer les MuRs, enTaSSés côte-à-côte, STaCk, une PiLe, un TaS en anglais. La stack, la pile, c’est d’ailleurs toujours aussi important, en particulier en informatique, pour les connaisseurs ...

Bref, vous comprenez aussi pourquoi on retrouve « ShaTa » dans ConSTRuire, de STRuo en latin qui signifie emPiLer, construire, DiSPoSer, inVeNTer. STRuo c’est un autre très bel exemple de cette fusion phonético-sémantique entre « ShaTa » et « TaRa », mais c’est surtout un verbe fondamental en latin qui incarne parfaitement cette idée de FRaGmentation et d’aSSeMBLage par laquelle j’ai choisi de commencer cette vidéo – et sur laquelle je reviendrai encore plus longuement dans ma prochaine vidéo.

De STRuo dérivent en effet de nombreux verbes fondamentaux comme ConSTRuo donc, mais aussi, DeSTRuo DéTRuire, iNSTRuo, iNSTRuire, oBSTRuo, oBSTRuer, PRaeSTRuo, pré-construire – rappelez-vous qu’une construction ce fut très longtemps SaiSoNNier, temporaire … De STRuo dérivent aussi STRuCToR, le constructeur, STRuCTuRa, la STRuCTuRe, subSTRuo, faire les FoNDations et STRuCTe, qui signifie oRNé, avec apparat.

Et pour terminer sur cette CaBaNe fondamentale, je ne peux pas ne pas mentionner ShaBaT en hébreu, le SePTième JouR. Car oui, bien sûr, ShaBaT c’est « ShaTa » aussi. ShaBaT, c’est le souvenir de ce reGRouPement PéRioDique, dans la MaiSoN CoLLeCtive, la BayiT, « Ba », la BoîTe (avec un accent circonflexe !), la TeBah, l’aRChe de Noé, le STaBuLum, le SéJouR, le GîTe, l’éTaBLe. Mais on reviendra dans quelques temps sur le B, le BeyT du FiLS, le BeyT du PèRe, le BeyT de beReʔShyt…

Ce septième jour réplique le septième MoiS en ce qu’il est le jour du ReTouR au BeRCail, du RePoS et de la FêTe. Alors je sais ce que vous allez me dire, il y a 12 mois, donc si on voulait caler le rythme hebdomadaire sur celui des SaiSoNs, le CyCLe devrait être un cycle de SiX jours, et non pas SePT. Mais vous voyez les enfants, il n’y a pas 12 mois, il y en a 13. 13,4 plus exactement – car oui, au Paléolithique, on comptait en LuNes, en mois lunaires qui font 27 et quelques jours. Et c’est d’ailleurs tant mieux, car sept est aussi ce qui permet de découper en QuaTRe le mois lunaire, répliquant cette DiChoToMie en DeuX saisons.

Et ce passage par ShaBaT me permet de revenir sur le rapprochement entre le sept et la SaTiéTé qu’on avait déjà vu dans ma vidéo sur l’ère d’aBoNDance, avec SaBaʕa qui signifie la satiété en hébreu et SheBaʕ qui signifie sept, mais aussi faire un SeRMent. Et c’est très intéressant car on retrouve ce même lien entre le nombre sept, le concept de satiété et celui de l’iNSTiTution qu’à « ShaTa » – comme si ces concepts avaient glissé « en bloc » de « ShaTa » à SheBaʕ en hébreu – en passant par ShaBaT.

Mais, revenons à présent à notre CaBaNe qu’on ConSTRuit. Aujourd’hui dans le monde de l’entreprise, on entend beaucoup parler de co-construction, de « faire eNSeMBLe » - même si comme vous le savez, dans la vraie vie, les entreprises, en particulier les plus grandes ont beaucoup de mal avec la CooPéRation.

Mais le plus drôle avec ce terme de co-construction, c’est que construire ça a toujours été CoLLeCtif. Dans con-STRuo, il y a en effet déjà le préfixe latin CoN- qui signifie « ensemble ». Tout comme en grec le SySTèma, le SySTèMe ou la construction, commence par le préfixe SyN- qui signifie aussi « ensemble ».

Et donc oui, construire a toujours été une opération collective. Le plus bel archétype de ces constructions collectives c’est probablement les PyRaMiDes, qui contrairement à ce que tout le monde pense ne furent pas construites par des eSCLaVes mais par un PeuPLe RéuNi dans une ambiance de FêTe où la BièRe et le PaiN coulaient à flots.

Mais inutile de remonter si loin, ceux d’entre vous qui ont eu la chance de PaRTiCiPer à des CaMPs SCouTs quand ils étaient jeunes se souviennent certainement de ces grands moments de Joie qu’étaient la construction des TaBLes et du mobilier du camp. Où tout le monde mettait la main à la pâte (même les plus tire-au-flanc comme moi).

Alors bien sûr, ces constructions collectives avaient toujours un grand CooRDiNateur des oPéRations, j’ai nommé le STRaTèGe, de STRaTèGos en grec, autre exemple de fusion phonético-sémantique entre « ShaTa », le Pieu qui se tient DRoiT, et « Ra », la PuiSSance. Le stratège qui coordonne l’aRMée, STRaTos, mais à l’origine pas pour se BaTTRe mais pour effectuer les TRaVaux de TeRRaSSement, de TaiLLe des pieux, de montage, d’aSSeMBLage. Le stratège était le plus brave, vaillant, diligent, STReNuus en latin.

Oui construire une cabane était une opération collective, sens que l’on retrouve dans STiPo qui signifie bourrer et aGGLoMéRer, et qu’on a déjà vu dans ma dernière vidéo sur l’étoupe, mais aussi faire CoRTège, eSCoRTer. Il faut vous imaginer, des GRouPes de plus en plus nombreux, au fur et à mesure que nous entrons dans le Néolithique, qui s’enTaSSent et PaRTiCiPent à la construction d’éDiFiCes toujours plus imposants.

Et c’est d’ailleurs probablement de ce deuxième sens que dérive STiPuLo, un eNGaGement, non pas pris avec une baguette, mais pris face aux participants à la construction de l’édifice. Ce sens de cortège, on le retrouve en hébreu, avec ShaTaP, qui signifie joindre, PaRTiCiPer, se faire un aLLié – qui mélange le sens collectif et d’iNSTiTution qu’a « ShaTa ». En grec aussi on retrouve ce sens d’agglomération et de regroupement dans STaFuLè la GRaPPe de raisin.

Le rôle de l’architecte, du stratège est clef : il s’agit d’éviter que le GRouPe perde sa CohéSion qui RiSQuerait de mettre à BaS l’édifice. Ce sens du DéSaSTRe, de la ZiZaNie, on le retrouve en anglais dans STRuGGLe et WReSTLe, qui signifient LuTTer, dans BuRST, éCLaTer, BuST, éChouer, DéManTeLer, BuSTLe, s’aGiTer, STRiFe, la DiSPuTe, et FiST, le PoiNG. En latin, on le retrouve dans STRaGeS qui signifie ReNVeRSer, une ChuTe, un désastre, où l’édifice s’effondre misérablement, dans un grand VaCaRMe, STRePo, en latin.

En français on retrouve ce sens dans la RouSTe, que l’on se prend lors de JouTes, de JoSTer en vieux français, qui signifie se BaTTRe, lutter, FRaPPer – mais aussi RéuNir, raSSeMBLer – autre très bel exemple de « contronyme » d’origine Paléolithique. On le retrouve aussi dans TaSTer, qui à l’origine signifiait frapper, avant de prendre le sens de GoûTer, qu’on retrouve en anglais dans TaSTe – mais qui, notez bien, pourrait tout aussi bien faire écho au champ sémantique du FeSTin.

Bref, la mission du stratège est délicate, il s’agit pour lui, uniquement par sa parole, de CooRDoNNer la PRoCeSSion, la MaRChe du groupe STéiQô en grec, ou SToiQos signifie un RaNG, une FiLe, une LiGNe. Car les pieux pouvaient être lourds, en particulier au Néolithique lorsqu’il s’est agi de TRaNSPoRTer des énormes BLoCs de PieRRe de plusieurs tonnes, ces fameuses « STaNDing SToNes » dont je vous parlais dans ma dernière vidéo.

Voilà pourquoi on retrouve « ShaTa » avec le sens de ChaRGer, transporter, par exemple dans dans BaSTazô qui signifie LeVer, soulever, relever, BaSTagè le transport et BaSTagma le FaRDeau, mais surtout dans SaTTô qui signifie charger quelque chose de LouRD de PeSant, ou une bête de SoMMe, BâTer. Vous vous rappelez mes ânes bâtés qui n’ont pas soif ? Mes stupides et sots linguistes pharisiens ?

Mais pour en revenir à SaTTô ce mot a aussi pris le sens d’éQuiPer, d’aRMer les soldats. Et équiper c’est d’ailleurs intéressant car on retrouve ce même double sens d’éQuiPe, de GRouPe, et d’éQuiPement, que l’on ChaRGe, équiper qui se dit STéLLô grec, mais je reviendrai bientôt sur ce « faux ami » qu’est STéLLô ...