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LuSTRum, a d’ailleurs un autre sens, celui de MaRais, de MaRéCaGe, de BoiS, de FoRêT – bref d’endroit non adapté à la SéDentarisation – qui est un autre un bel exemple de « contronyme », de mot signifiant deux choses qui s’opposent. Et ce passage par la forêt me permet de revenir un instant sur le Pieu. En Akkadien, QiShTum signifie la forêt, le BoSQuet. Une forêt, c’est comme le CaRQuoiS d’un aRC, QeSheT en hébreu, c’est rempli de pieux. Pieu qu’on retrouve en Akkadien dans SanTaKKum qui signifie le SiGNe cunéiforme, le TRiaNGLe – c’est-à-dire la TRaCe LaiSSée par la PoiNTe du STyLet dans l’aRGiLe.

Mais on retrouve aussi « ShaTa » en Akkadien avec le sens de SaiSoN dans ShaTTum qui signifie une année, un moment dans l’année ou … une saison, ou dans iShTu qui signifie un moment fixe, par exemple dans la tablette 5 de l’Enuma Elish, ou un PoiNT de RePèRe, dans l’eSPaCe, mais surtout dans le TeMPS, avec le sens de « depuis ».

Ce sens de repère, de point de RéFéRence dont on a beaucoup parlé dans ma dernière vidéo, on le retrouve aussi dans iShTanum, le NoRD, et ShuTum, le SuD – tout comme d’ailleurs en Français avec l’oueST, l’eST ou même le SePTentrion, du latin, les SePT éToiLes. Et puisque nous en sommes à parler d’étoiles et de rose des vents, comment ne pas mentionner la déesse iShTaR, aSTaRTé, dont le symbole était une étoile, à 6 ou 8 pointes, une STaR, « ShaTa-Ra ».

En fait, en Akkadien, ce sens de point de repère qu’a « ShaTa » est tellement fondamental qu’on le retrouve dans le nombre « un », qui se dit iShTen – sens que l’hébreu a aussi gardé dans SheTayim, qui signifie « deux », mais qui est une forme duelle, en « YiM » de « ShaTa », l’unité.

Ce DueL fait référence aux deux saisons, DeuX étant perçu comme le DouBLe de l’uN. Deux saisons, mais aussi deux FeSSesSheT en hébreu, le Séant en Français, aSS en anglais. Et vous savez de quelles fesses je veux parler, celles de ces stupides linguistes et anthropologues Pharisiens bien sûr, dans lesquelles je n’arrêterai pas de taper jusqu’à ce qu’ils aient fini par dégager du temple du savoir humain.

Suffixe ou radical ?

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Tiens, en parlant des linguistes pharisiens, cette place qu’a « ShaTa » dans le champ sémantique de la fête saisonnière va me permettre de corriger une de leurs nombreuses sottises. C’est celle qui consiste à penser que lorsqu’un long mot ressemble à un mot court, le mot long dérive systématiquement du mot court. Vous avez du mal à me suivre ? Vous allez comprendre.

Nous avons en effet beaucoup de mots en français qui finissent en « ste » : FaSTe, FêTe, GeSTe, JuSTe, VaSTe, ViSiTe, ChaSTe. Tous ces mos dérivent de mots latins identiques FaSTus, FeSTum, GeSTus, JuSTus, VaSTus, ViSiTo, CaSTus. A part pour GeSTus, qu’on fait dériver de GeRo, et CaSTus, dont l’étymologie est peu claire, on fait dériver les étymologies de tous ces mots d’un radical plus simple en « Sha », par exemple, FaS pour FaSTus et FêTe, JuS pour JuSTus, VaS pour VaSTus, et ViSo pour ViSiTo.

Dans tous ces mots, le suffixe en « ShaTa » disparaît pour laisser place à « Sha ». Mais bizarrement aussi, tous ces mots ont trait à l’immense champ sémantique de la CoMMeNSalité et des iNSTiTutions. Et bien en vérité je vous le dis, c’est en fait la forme courte sans le « Ta », qui est un dérivé de la forme longue, en « ShaTa » – et non l’inverse comme tout le monde le pense. Concrètement, c’est FaS qui dérive de FaSTus, et non FaSTus qui dérive de FaS.

Ce phénomène, on le voit aussi à l’œuvre avec le verbe SeRo, qui signifie Nouer, et FeRMer à CLeF – mais aussi, bizarrement, SeMer. Le premier sens de nouer, on l’a déjà vu il y a un an, dans ma vidéo sur les « Sermons du sire disert », sur ShaRShaR, la ChaîNe et la RhaPSoDie qui est CouSue. Quant au sens de semer on le rapproche souvent de SaTus, la semaille, SaTivus, ce qui est cultivé, semé, apparenté bien sûr à SaTio qui signifie à la fois la SaTiéTé et la SaiSoN – dont celle des semailles au Néolithique.

Mais si ce sens de semer ne colle pas avec celui de nouer, c’est parce que ce n'est pas SaTus qui dérive de SeRo, mais SeRo qui s’est aussi chargé du sens de SaTus. Phénomène qu’on a d’ailleurs aussi en vieux français avec DéCheT et éCheT, dont dérivent DéChoir et éChoir, et non l’inverse.

Bien sûr, ça n’est toutefois pas toujours le cas, et parfois, le radical est bien la forme d’origine, par exemple avec Suo, qui signifie CouDre, et SuTus, ce qui est CouSu – rappelez-vous, SheTy c’est aussi la ChaîNe en hébreu. Mais je reviendrai bientôt à la fois sur le TiSSage, mais surtout sur cette inversion fondamentale dans la culture Paléolithique entre objet et action – qui est contre-intuitif pour nous qui nous pensons d’abord comme des SuJeTs percevant des oBJeTs.

Ma cabane à Terra Amata

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Quoi qu’il en soit, je crois que vous commencez à comprendre à présent d’où vient ce sens institutionnel qu’à « ShaTa » dont je vous parlais longuement dans ma dernière vidéo. C’est en effet durant ces périodes de reGRouPement, de SéDentarisation, que petit à petit, patiemment, millénaire après millénaire, se sont TiSSées les iNSTiTutions qui STRuCTuRent la coopération humaine. Et oui, encore le tissage – car c’est dans ces moments de regroupement que se tissaient non seulement les RhaPSoDies, les LieNs entre FaMiLLes, mais aussi, les premiers VêTements et les premiers BiJoux, sur lesquels je reviendrai dans mes prochaines vidéos.

Et le Pieu, qui se PLaNTe, et qui s’eSTouPe, ce fut en fait l’archétype de cette sédentarisation. Planter un pieu, c’est en effet la toute première éTaPe de la CoNSTRuCtion de cette CaBaNe archaïque, STaRT, le début en anglais, autre bel exemple de fusion phonético-sémantique « ShaTa-Ra ». Rappelez-vous aussi d’ailleurs de SToP, d’estouper.

Cette cabane dont nous gardons tous au fond de notre âme d’enfant le souvenir, que ce soit pour la ConSTRuire dans les BoiS ou dans notre ChaMBRe, ou lorsque nous nous réfugions sous les DRaPs de nos parents. Cette cabane primordiale est aussi l’archétype fondamental à laquelle la Génèse fait référence dans l’histoire du meurtre d’HaBeL, alors que QayiN est abattu par le poids de sa culpabilité, où Dieu lui dit, avec compassion: « haLoʔ ʔiM teyṬyB SheʔeT, veʔiM Loʔ teyṬyB, laPeTaḤ ḥaṬaʔT RoBeTs » « Si tu t'améliores, tu te reDReSSeras », SheʔeT, « sinon le Péché est TaPi à l’entrée ». Phrase dont vous comprenez, maintenant que vous commencez à accéder à la culture Paléolithique, qu’elle remonte à il y a très longtemps…

Cette cabane primordiale, les Grecs aussi en gardaient le souvenir, comme le raconte merveilleusement le grand Gabriel Camps, dans son Introduction à la Préhistoire, écrit il y a 40 ans mais qui a gardé toute sa fraîcheur. C’est à la page 30, lorsqu’il explique comment, pour Ovide le grand poète et mythologue romain: « La première de ces étapes vers la déchéance est l’âge d’argent au cours duquel les SaiSoNs font leur apparition et se substituent à l’éternel printemps. Les intempéries obligent l’homme à chercher des aBRis. Ovide le montre se réfugiant dans des CaVeRNes puis ConSTRuisant des cabanes de JoNCs ».

Un peu plus loin, page 104, Gabriel Camps écrit « l’utilisation du BoiS dans la construction d’abris puis de cabanes est vraisemblablement aussi ancienne que dans la fabrication d’armes ou d’instruments. L’idée d’entreLaCer des BRaNChes pour former un abri est si primitive qu’on peut admettre qu’elle se manifesta dès les origines de l’humanité ».

Ce livre est une mine d’or pour ceux qui comme moi s’intéressent au Paléolithique. J’y ai appris plein de choses, notamment qu’il n’y a pas si longtemps on pensait que les SiLeX et BiFaCes qu’on retrouvait dans les champs avaient été sculptés par la FouDReSiLeX qu’on appelait d’ailleurs en Italie « saetta » pour leur forme de PoiNTe.

Mais pour en revenir à la cabane, la grande star des cabanes Paléolithiques, elle est chez nous en France, près de Nice, à Terra Amata – ce site où l’on a retrouvé des traces d’un haBiTat sous cabanes datant, accrochez-vous bien, d’il y a 400'000 ans, soit bien avant Homo Sapiens, et même avant Neandertal, puisqu’on le fait remonter à notre ancêtre commun, Homo Erectus, apparu il y a environ 2 millions d’années, qui fut le premier à coloniser le continent Eurasiatique il y a plus d’1 million d’années et qui ne disparut qu’il y a 110'000 ans, sur l’ile de Java en Indonésie.

Cabane primordiale
Figure: Cabane primordiale