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3) Problématique

Bundling - Unbundling

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Bon, pour commencer cette vidéo, repartons, comme d’habitude d’ici et maintenant. Ceux d’entre vous qui connaissent le monde de l’entreprise ont certainement déjà entendu ces mots fameux de Jim Barksdale, qui fut le patron de Netscape à la grande époque de la guerre des navigateurs Internet, dans la fin des années 90 : « there are only two ways to make money in business: One is to BuNDLe; the other is uNBuNDLe. ». En Français ça donne : « il n’y a que deux façons de gagner de l’argent dans les affaires : la première consiste à aSSeMBLer, la seconde consiste à SéPaRer »

Ce que cette phrase signifie, c’est que depuis que les entreprises existent, elles ont toujours, soit assemblé des services et des bien entre eux, soit au contraire, séparé une offre de services existante. Pour l’assemblage, pensez par exemple aux fournisseurs d’accès qui nous offrent aujourd’hui Internet, la télévision et le téléphone mobile, alors qu’auparavant ces services étaient fournis par des entreprises différentes. Pour la séparation, pensez par exemple aux services de stockage de fichier qui auparavant étaient fournis par le système d’exploitation de l’ordinateur lui-même.

Centralisation - Décentralisation

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Dans le même ordre d’idée, on peut aussi évoquer la question de la CeNTRalisation ou la DéCeNTRalisation, que ce soit dans le domaine de l’informatique, de l’économie et plus généralement lorsqu’on fait face à des questions d’organisation. Pendant longtemps par exemple on parlait – et on parle encore – de décentralisation en France pour remédier au fait que Paris ConCeNTRe tous les CeNTRes de décision.

On a aussi tous en tête l’effondrement de l’ex-URSS du fait de la trop grande centralisation de l’économie soviétique. Dans l’entreprise aussi, on parle de plus en plus d’autonomie et de décentralisation. Et même en biologie on retrouve aussi ce concept lorsqu’on s’intéresse à l’évolution des organes – où certaines fonctions SPéCialisées peuvent être centralisées, ou au contraire être déléguées à la PéRiPhéRie.

Claude Lévi-Strauss fut un des premiers à formaliser cette dynamique d’un point de vue anthropologique, en mettant en évidence que la culture consistait souvent à FRaGmenter ce qui est CoNTiNu. Que ce soit avec le langage qui crée du sens à partir du bruit, en s’appuyant sur un nombre limité de sons, ou dans les relations de parenté qui STRuCTuRent les relations sexuelles pensées comme eMBRouiLLées chez les animaux.

En fait, mais j’y reviendrai plus longuement dans ma prochaine vidéo, derrière cette question de la centralisation et de la décentralisation, de l’assemblage et de la fragmentation, c’est celle de l’organisation sociale qui se cache. C’est une question très ancienne, bien plus vieille que notre espèce Homo Sapiens, puisqu’elle date probablement du moment où nos ancêtres commencèrent à marcher debout dans la savane africaine, il y a deux millions d’années.

Qui est l’hôte ? L’hôte ? Ou l’hôte ?

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Cette question, on peut la résumer de la façon suivante : « Vaut-il mieux rejoindre le groupe ? ou quitter le groupe pour en fonder un nouveau ? ». Cette question elle se pose dans tous les groupes humains et en particulier au moment clef du PaRTaGe de la NouRRiture. Dit autrement, cette question de l’organisation SoCiale, peut en fait être reformulée par la question beaucoup plus pragmatique suivante « Avec qui partage-t-on la nourriture ? Et dans quelles conditions ? ».

Cette question du partage de la nourriture, ce qu’on appelle la CoMMeNSalité est en effet à l’origine de toutes les iNSTiTutions humaines. Cela explique pourquoi nous retrouvons « ShaTa », le mot fondamental incarnant les institutions au Paléolithique, dans le champ sémantique de la commensalité du FeSTin et de la FêTe, à commencer par éSTia, qui signifie le FoyeR en Grec, au sens de l’endroit où se tient le festin, et qui a donné son nom aux déesses grecques Hestia et romaine veSTa.

D’éSTia dérive aussi éSTiaô qui signifie recevoir dans son foyer, offrir le GîTe (avec un accent circonflexe ...) et le couvert, fêter, régaler un invité et éSTiasis qui signifie le banquet, le festin. En anglais il y a GueST, l’invité qui vient de loin, et en français, LE mot de la commensalité c’est « HôTe » - un mot ambigu, car il signifie à la fois celui qui ViSiTe et celui qui est visité – mais je reviendrai sur cette ambiguïté dans quelques instants, elle est fondamentale.

On fait généralement dériver, à tort, « hôte » d’hoSPes, qui signifie l’hôte, l’éTRaNGer, le VoYaGeur – qui a donné hoSPiTalité, hôPiTal. A tort, car là c’est plus « ShaTa », mais on y reviendra bientôt. Mais en attendant, pour terminer sur ce concept de commensalité réciproque, on le retrouve aussi en latin avec HoSTio qui signifie frapper, mais aussi rendre la pareille, éGaLiser et dont dérive aussi HoSTis, l’étranger, l’eNNeMi, le RiVaL.

Hôtes du festin
Figure: Hôtes du festin

Le rôti du festin

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Et que mange-t-on à un FeSTin? Un RôTi bien sûr, RoaST en anglais. SuwT en Egyptien. STeaK en anglais. Un rôti, un steak, c’est un festin, mais c’est aussi ce qui tourne sur un Pieu, STiCk en anglais, TISuW en Egyptien, comme nous l’avons déjà vu. Dans cette même idée de viande du festin, il y a aussi bien sûr l’HoSTie, d’HoSTia en latin, qui signifie un sacrifice offert en expiation.

Comment ? « L’hostie ce n’est pas de la ViaNDe, c’est du PaiN ! ». Ah, mais vous n’avez pas vu ma vidéo sur l’alliance du PaRTaGe sinon vous sauriez que si, justement, comme le dit le Christ, le pain à l’origine c’est de la viande, sens que l’hébreu et l’arabe ont conservé dans LeḤeM et LaḤM.

Voilà pourquoi aussi en grec SiTos signifie à la fois la NouRRiture et le GRaiN de BLé, mais aussi la PeNSion aLiMeNtaire, la DiSTRiBution de blé aux indigents – car le festin, le « potlatch » chez les Indiens d’Amérique, c’est toujours un RePaS où ceux qui ont beaucoup partagent avec ceux qui ont peu, qui ont d’ailleurs toujours été un peu vus comme des « parasites ». « PaRaSiTe » qui dérive de SiTeô qui signifie MaNGer, faire un repas et de SiTioN qui signifie le grain, la nourriture, les victuailles. Et ce qu’on mange c’est souvent de la PâTe, de la PaSTa, qui se PéTRit avec le PiLoN, PiSTo, comme on l’a déjà vu.

Bien sûr, le CheF est le PReMier à ChoiSir son MoRCeau, SeTeP en Egyptien, qui signifie choisir, SéLeCtionner. Le chef, c’était celui qui était CouRoNNé, le Stéphane, de STéFanos en grec qui signifie une couronne, et plus généralement tout ce qui eNTouRe, STéFô en grec.

Car oui, au Paléolithique, on utilisait beaucoup les couronnes et les GuiRLanDes STémma en grec. Mais oui, vous savez les guirlandes qu’on utilise pour décorer les arbres, les maisons, mais surtout pour les enrouler autour du MâT de Mai, cette tradition préhistorique d’Europe Occidentale où l’on enroulait des RuBaNs autour d’un mât à l’occasion des FêTes de l’éQuiNoXe de printemps, sur lesquelles je reviendrai dans quelques instants.

Mais pour en revenir au FeSTin, on retrouve bien sûr « ShaTa » en hébreu dans miShTeh qui signifie le festin et en Egyptien dans meSyT qui signifie le SouPer. On le retrouve aussi dans ShaRaT qui signifie SeRVir – des plats au festin ! Et surtout dans TiShRy mois des FêTes, qui commence avec le nouvel an, RoʔSh haShaNah, durant laquelle on fait un festin particulier, j’ai envie de dire « linguistique », puisqu’on y prononce des bénédictions qui sont en fait des véritables « jeux de mots » jouant sur la ressemblance entre le NoM de chaque aLiMeNt et certains PaSSages de la Bible.

Le bonheur de la fête c’est celui d’être SaTiSFait, RePu, de sentir la SaTiéTé SaTias, SaTies en latin, de SaTis et SaT qui signifie aSSeZ, SuFFisant – et dont dérivent de nombreux mots ayant tous trait à la satiété tels que : SaTiSFaCtio, SaTiSFaire, SaTuR, RaSSaSié, PLein, SaTius, préférable et SaTuRatio, la SaTuRation.

Saturation qui en hébreu se dit taShRyt – à ne pas confondre avec taShḤyT qu’on va voir dans quelques instants – et qui, en latin, surtout, se dit SaTio qui signifie à la fois rassasier, satisfaire, mais aussi la SaiSoN et SeMer qu’on va aussi voir dans quelques instants. Tiens d’ailleurs, vous vous rappelez de « TRoP » dans ma première vidéo sur le mot « TaRa ». Et bien son inverse c’est « assez »! assez, trop – encore nos 3 compères « Sha Ta Ra ».

Et pour revenir sur TiShRy, c’est le PReMier mois de l’année ou le SePTième selon que l’on compte à partir de l’éQuiNoXe d’Automne ou de Printemps – question qui a d’ailleurs fait l’objet d’un débat bien connu des sages du Talmud. Mais tiens. Vous ne remarquez pas quelque chose, le septième mois, comme SePTembre. Pourtant, septembre, ça n’est pas le septième mois, c’est le neuvième. C’est que voyez-vous, le sept, qu’on retrouve si souvent dans la Bible c’est d’abord le chiffre de la fête où on FeSToie. Voilà pourquoi le « P » de sept est muet: sept ne se dit pas Se-P-t mais « SeT », « ShaTa ».

Mais bien sûr, il n’y a jamais eu de festin sans BoiSSon. Pas de SymPoSium sans PoTion. En tout cas pas depuis au moins 15’000 ans, d’où datent les premières traces de BièRe. Et s’il n’y en a qui s’y connaissaient en SymPoSiums, c’était bien les grecs, dont les festins étaient peuplés de SaTyRes, ces êtres bons à rien au phallus dressé (« ShaTa »), incapables de se contrôler et qui passaient leur temps à traîner iVRes dans les banquets.

Voilà pourquoi aussi ShaTaH en hébreu ne signifie pas seulement iNSTaLLer, comme on l’a vu dans ma dernière vidéo, mais a aussi et surtout le sens de Boire. On le rencontre pour la première fois dans la Bible, aussi dans la Parasha de Noé, au chapitre 9 de la Génèse, durant laquelle Noé va s’eNiVRer.

Quant à la SoiF, elle se dit NeSheT en hébreu et SiTis en latin, avec aussi le sens de DéSiR, de PaSSion, aViDité, LuST en anglais. Enfin toujours dans le registre de la boisson, on retrouve aussi « ShaTa » dans MuSTum qui signifie le ViN nouveau, le MoûT – et dans YeaST en anglais qui signifie la levure, la BièRe et l’écume, la MouSSe..

Pourriture et corruption

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Et quand la FêTe est finie, qu’on est RePu, et qu’on a bien bu, que fait-on ? On PiSSe, on uRiNe, ah oui, ça fait du bien. ShaTaN en hébreu. Mais on se rend alors compte qu’on a laissé un beau BaZaR derrière nous, SaTuRa en latin qui signifie le MéLanGe, PêLe-MêLe – et qu’on retrouve dans la SaTiRe, avec un « i » cette fois, qui à l’origine était une forme de poésie à la structure « désordonnée ».

Voilà pourquoi la fête est toujours un peu TRiSTe. Un peu comme SaTuRNe, dont je vous ai beaucoup parlé l’année dernière, le dieu triste des anciennes cultures Paléolithiques, dont la fête, les SaTuRNales, se déroulaient au SoLSTiCe d’hiver. Oui après une fête, il y a toujours un sacré BaZaR, plein de DéCheTs, SiTus en latin – qu’on a déjà vu avec le sens de SiTe - ou TRaSh en anglais, tout est GâTé de GaST en ancien français. La table est DéVaSTée de VaSTus en latin, WaSTe en anglais. Dévasté qui se dit ShaḤaT en hébreu, qui a aussi le sens de CoRRuPtion et de FoSSe … de fosse à MeRDe.

ShaḤaT, on le voit d’ailleurs aussi apparaître en premier dans la Parasha de Noé, au tout début, toujours au chapitre 6, verset 12, de la Genèse, au moment où Dieu dit que la terre était corrompue, SaLe, ShaḤaT, et qu’il va la DéTRuire, ShaḤaT encore. « vehiNe niShḤèTah ki hiShḤyT kol BaSaR et DaRKow ʕaL haʔaReTs ».

Vous vous rappelez BaL taShḤyT – ne rien GâCher – ce principe fondamental du Paléolithique dont je vous parlais dans ma deuxième vidéo sur « TaRa »? C’est le même concept.

Bref, après la fête, tout est TâChé. STaiN en anglais, qui signifie aussi aBîMer, eNDoMMaGé (mais qui ne provient pas de déteindre comme tout le monde pense). Et ça commence à SeNTir mauvais, NaSTy en anglais, à Puer, STiNK, une oDeuR forte, STeNCh. On peut même dire que ça sent la merde, ShiT en anglais, STeRCus en latin, la PouRRiture, SheʔeT en hébreu, qui signifie aussi les TuMeurs, une pourriture de la Peau. Oui, c’est véritablement iNSaLuBRe, STéRiLe, PeSTiféré, PeSTilent, de PeSTis en latin qui signifie la PeSTe, la ConTaGion, le FLéau. La peste qu’on reverra d’ailleurs dans ma prochaine vidéo. Et oui, la peste c’est très ancien aussi … Enfin, cette dégradation, on la retrouve aussi dans la RouiLLe, RuST en anglais, le RouGe pourri, ShaTaK en hébreu.

Tiens d’ailleurs, revenons à ShaḤaT un instant. Si vous remarquez bien, on retrouve notre « Ḥa » qui signifie le chaud et la vie au milieu de SheʔeT, la pourriture. Car ShaḤaT c’est la pourriture de toute vie ḤaY – qu’on voit d’ailleurs trois fois dans les versets 19 et 20 du chapitre 6 de la Genèse. « aḤ » qu’on retrouve évidemment aussi dans le nom de NoaḤ, ce héros qui ne s’est pas laissé influencer par la corruption de sa génération, et a poursuivi vaille que vaille, seul contre tous, la construction de son arche.

Ambigüité Paléolithique et « Contronymes »

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Et vous voyez là en fait un trait caractéristique de la culture Paléolithique : son ambiguïté linguistique. On est en effet passé imperceptiblement de la fête à la pourriture. Ça malheureusement, les linguistes pharisiens ne parviendront jamais à le comprendre, même dans 2000 ans. En anglais on a inventé un mot pour décrire ce phénomène, les contronymes, dont l’archétype est l’hôte de la commensalité, qui veut à la fois dire inviter, celui qui invite et celui qui est invité.

Mais cette ambiguïté de « ShaTa », on la retrouve aussi dans DuST en anglais, qui signifie à la fois la PouSSièRe et éPouSSeter, et dans SaNCtion, qui signifie à la fois approuver et PuNir. Comme vous le voyez, le mot fondamental des institutions humaines qu’est « ShaTa » aime bien les contronymes, qui sont un peu comme un lointain souvenir de la langue Paléolithique nous disant gentiment au-revoir par-delà les dizaines de milliers d’années.