4) Clef

Et pour commencer cette exploration « époustouflante » aux origines du souffle, du son et du langage, rien de mieux que de partir de nos connaissances les plus récentes dans ce domaine – en vous parlant des travaux de recherche des équipes de l’ Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod et du département de Neuropsychologie de l’Institut Max Planck de Leipzig qui se sont intéressés à la communication orale au sein d’un groupe de chimpanzés.

Dans un article datant de mai 2022, ces chercheurs ont en effet montré que les sons émis par ces chimpanzés se répartissaient globalement en quatre catégories : des GRoGNements (Rara), des souffles sonores (Hooo), des aboiements (BaRK) et des CRis aigus – bon j’avoue que les sons c’est mon inspiration personnelle, mais c’est pour rendre plus « vivant » et « sonore » mon exposé. Rappelez-vous toujours ces mots du Christ : « la lettre tue et l’esprit vivifie ».

Mais surtout, ces chercheurs ont aussi remarqué qu’un tiers des séquences enregistrées étaient constituées d’un ou plusieurs de ces sons enchaînés – ce qu’on pourrait appeler des mots. Parmi ces mots, la moitié était constituée de deux sons différents enchaînés, des « bigrammes », et un tiers était constitué de trois sons, des « trigrammes ».

« bigramme » « trigramme » ça ne vous rappelle rien par hasard ? Non ? Ah mais oui désolé, j’oublie que je ne parle pas uniquement à des spécialistes de linguistique sémitique pour qui les racines bilitère ou trilitère n’ont pas de secret. Reprenons donc mon cours de linguistique Paléolithique là où je l’avais laissé dans ma dernière vidéo. Vous vous souvenez, je vous avais parlé de Sermons et de Messie, ShyR MaShyaḤ.

Ah oui, désolé, dans cette vidéo, je vais avoir du mal à vous transcrire en phonétique les consonnes en hébreu, car cela deviendra sinon très vite illisible. Mais ne vous inquiétez pas, pour en retrouver la signification, il vous suffira d’aller sur Google Translate et de recopier les lettres sur le clavier virtuel qui s’y trouve. C’est vraiment très facile – je vous ai même mis un lien dans la description.

Bref, aujourd’hui nous allons donc nous intéresser au fameux esprit, RuwaḤ en hébreu constitué du son « Ra » que nous avons découvert dans « Sha Ra » le chef poète et « Ta Ra » dans ma vidéo sur le partage, et du son « aḤ » qui exprime le vivre ensemble, la fraternité autour du feu.

« Rourou » « Hoohoo » Ca ne vous rappelle rien ? Ah mais suis-je bête, j’ai oublié de vous préciser que dans cette fameuse étude sur la communication orale des chimpanzés, les sons « Rara » et « Hoohoo » étaient 4 fois plus fréquents que le cri et l’aboiement. « Rara » « Hoohoo » Et oui, notre fameux RuwaḤ.

RuwaḤ c’est le vent, c’est l’aiR, aèR en grec. En grec toujours, le vent d’Est s’appelle éVRoS. Mais RuwaḤ c’est aussi l’aiRe – avec un e – qui exprime l’espace rempli d’aiR, concept que l’on retrouve aussi en grec avec éVRyS, RooM en anglais ou même RuS en latin, d’où provient notre RuRaLiTé. Et dans cette RuRaLiTé, on eRRe souvent, ʔaRaḤ en hébreu. Et maudite,ʔaRuwR soit l’eRReuR de celui qui eRRe.

Au Paléolithique, l’aiR, l’R, RuwaḤ c’est ce qui me sépare du FoyeR du GRouPe.

L’aiR c’est donc ce qui transporte dans le corps l’odeur ReyaḤ de la viande qui cuit sur le feu ʔaḤ, le chaud ḤaM et la vie ḤaY pour alimenter le cerveau, MoaḤ et la force corporelle KoaḤ.

RuwaḤ, l’aiR avec un R, c’est aussi bien sûr ce qui transporte le BRuiT fait par le groupe autour du feu, le BRouHaHa. Le BRuiT et l’oDeuR – ça devrait rappeler des souvenirs aux plus anciens d’entre vous.

Ce rapport archaïque entre l’aiR, le GRouPe, le FoyeR et la vie, on le retrouve au cœur du message du Christ, dans la fameuse expression de Saint Paul dans sa deuxième épitre aux Corinthiens, évoquant « une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’eSPRiT ; car la lettre tue, mais l’eSPRiT vivifie ». Mais lorsqu’on étudie les paroles de ce super-linguiste qu’était le Christ, mieux vaut le faire en hébreu : « RuwaḤ ḤaY » c’est l’eSPRiT qui vivifie.

Cette expression, fondatrice du christianisme a infusé toutes nos institutions juridiques et politiques. C’est elle qui est à l’origine du fameux eSPRiT de la loi et du contrat que j’évoquais au début de cette vidéo.

Une autre chose très importante, en fait la plus importante, que l’aiR transporte c’est le son, le BRuiT. « Ommm ». En hébreu, chanter, CRier de joie se dit RaNan un peu comme lorsqu’on chante une SéRéNaDe et qu’on fait des RiMes qui oRNent nos flagorneries. Ou lorsqu’on écoute chanter les oiseaux, les oRNis en grec, ou le lion qui RuGit, ʔaRyeh en hébreu – ou même l’écho oVRa en grec. Ou, tout simplement lorsque nous écoutons un ... aiR de musique.

La forme même de la lettre « Ra », en grec, en latin, en arabe et en hébreu est probablement liée à la forme de la GoRGe humaine – miracle de l’évolution des hominidés qui nous a permis de maîtriser cet aRT qu’est la PaRoLe dont je vous parlais la première fois il y a un an dans ma vidéo « Symbole, Paroles, Coopérons ». Cet aRT de la PaRoLe, c’est celui de l’ oRaLité – qui provient du latin oRaRe qui signifie PaRLer. Cette oRaLité c’est celle des RuMeuRs qu’on écoute avec l’ oReiLLe, en anglais « HeaR with your eaR ».

Quant à l’aiR que l’homme eXPiRe et iNSPiRe – comme me le RéPèTe régulièrement ma prof de yoga – il provient du ThoRaX, ʔaRown en hébreu. ʔaRown c’est un mot fondamental dans le judaisme, le ʔaRown haQoDeSh l’aRChe sainte – mais j’y reviendrai dans une prochaine vidéo.

Ce ThoRaX est relié au nez RiS en grec (d’où vient le préfixe RhiNo-) par la GoRGe, GaRown en hébreu – d’où sortent des RoTs et des sons RauQues.

Du nez et de la GoRGe coulent la salive et la bave RyR en hébreu – DRooL en anglais. En grec, couler se dit Réo - mais il s’agit d’une coulée plutôt visqueuse comme celle de la MoRVe, de la RéSiNe RèTiNè en grec, du SeRum, oRos en grec ou même de la RoSée du matin.