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4) Obsession CaNaNéeNNe de la Fécondité

Bon, récapitulons. On retrouve dans la société Hawaïenne de nombreux traits critiqués par le Coran : son matérialisme et son obsession de la prospérité, la pratique consistant à couper les oreilles des bestiaux, l’infanticide, en particulier des fillettes, et l’interdit aux femmes, sous peine de mort, de pénétrer dans les maisons des hommes. On retrouve aussi de nombreux interdits mentionnés dans le Lévitique, en particulier ceux relatifs à la menstruation et au « délai de carence sexuel  » post-natal.

KahuNa et auMaKua - Culte des Ancêtres

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Continuons donc à présent notre exploration d’Hawaï, et intéressons-nous à leurs croyances. Au premier chef, ce qu’on appelle dans le jargon, le « culte des ancêtres  », Aumakua en Hawaïen. C’est qu’en effet les Ancêtres jouent un rôle important dans la providence : par exemple, certaines zones de pêche sont connues pour être placées sous la garde particulière des Grands Parents (P115) qui en assurent ainsi la préservation.

Plus généralement P318

Les 'aumakua sont les déités ancestrales, les dieux dont les ancêtres étaient issus : « les dieux 'aumakua naquirent et l'homme naquit d'eux ». Mort ou souffrance envoyée par sorcellerie ne les affectait pas. Échapper à ces sorts s'appelait « obtenir vie des 'aumakua ». On s'adressait à ces gardiens lorsqu'on avait manqué à ses devoirs religieux, négligé les kapu, mangé ou bu en compagnie de gens souillés, porté leurs vêtements ou partagé leur couche. La cause du problème se révélait en rêve, vision ou autre signe envoyé par le dieu.

D’une certaine façon, les ancêtres jouent ainsi le rôle d’intermédiaires avec les puissances célestes – rôle qu’on a déjà croisé chez les SheReNTe avec les Anges astraux. Dans le Coran, on appelle ça ShiRK. Les muShRiKun, ce sont ceux qui croient dans le pouvoir qu’auraient certains intermédiaires de leur apporter la prospérité et la guidance. Ce qui est très fortement critiqué par le Coran des dizaines de fois.

Et redoutez le jour où nulle âme ne suffira en quoi que ce soit à une autre; où l’on n’acceptera d’elle aucune intercession; et où on ne recevra d’elle aucune compensation. Et ils ne seront point secourus. Sourate Al Baqara 2.48.

Certes, Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Allah s’égare, très loin dans l’égarement. Sourate An Nisaa 4.116.

« Excite, par ta voix, ceux d’entre eux que tu pourras, rassemble contre eux ta cavalerie et ton infanterie, associe-toi à eux dans leur biens et leurs enfants et fais-leur des promesses ». Or, le Diable ne leur fait des promesses qu’en tromperie. Sourate Al Isra 17.64.

Y’en a franchement des tonnes et des tonnes. Le Coran est une immense critique du culte des Intercesseurs, qu’ils s’agissent d’Ancêtres, d’Intermédiaires Célestes comme chez les SheReNTe ou de Divinités Associées, on y reviendra.

A Hawaï, ce sont les chefs de famille qui offrent aux Amakua, généralement dans une maison communale, qui est bien sûr interdite aux femmes. Les chefs tiennent le rôle de Kahuna – prêtre – KoHeN en hébreu. KaHuNa en Hawaïen. Et oui, les Pharisiens ! C’est que voyez-vous, il y a une confluence à Hawaï entre les chefs détenteurs de richesses et incarnant la prospérité, avec le rôle de responsable du culte aux ancêtres dispensateurs de cette prospérité – les chefs/prêtres étant eux-mêmes des intercesseurs entre Ciel et la Terre. On reviendra dans quelques temps sur cette fonction du chef/prêtre dans les sociétés inégalitaires, c’est fondamental.

La Pierre de KaNe, le chef des Dieux

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Le culte des Aumakua, des ancêtres, peut aussi se tenir autour de pierres dressées, véritables monuments autels, appelés « Pierre de Kane  » - KaNe étant le chef des dieux, l’unificateur. Ka-Ne, Ka-hu-Na. Oui les Pharisiens … On y reviendra. Lisons pour le moment ce qu’en dit Serge :

La pierre de Kane […] constituait un refuge […], pour chaque famille, de génération en génération. Ce n'était pas un temple, mais un simple monument de pierre, un autel […] entouré de ki et autres verdures. Hommes et garçons de la famille s'y rendaient si le dieu Aumakua avait frappé : mort, maladie ou infortune.

Plusieurs choses ici sautent à l’esprit, pour ceux qui connaissent leurs Écritures. Tout d’abord le culte des arbres et des bosquets sacrés critiqués en long et en large par la Bible. Ensuite, ce verset de la sourate Al Maarij, 70.43, mentionnant « le jour où ils sortiront des tombes, rapides comme s’ils couraient vers des pierres dressées ».

Mais continuons de lire Serge :

La [pierre de Kane] était une « ouverture céleste ». Le dieu l'indiquait en rêve ou en vision, conduisait même jusqu'à elle. Chaque ahupua'a en possédait plusieurs, d'Hawaii à Kaua'i. CoNique, la Pierre de KaNe mesurait de 30 cm à 2m45. Elle se plantait nue ou légèrement sculptée. Aspergée d'eau ou d'huile de noix de coco, elle recevait des habits de tapa pendant la cérémonie. Beckwith rapproche ce traitement de la pierre phallique de celui des statues.

Huuum ... elle est bien huilée. Elle glisse bien. Elle brille. Huuum !

Et oui, ces pierres dressées aspergées d’eau ou d’huile qui sont des ouvertures célestes par lesquelles le dieu communique en rêve ou en vision, ça ne vous rappelle rien ? Bien sûr, Jacob, cet amoureux des pierres dressées en particulier quand ces pierres sont ointes d’huile : « Je suis la Divinité de Béthel, où tu as oint un monument  » Genèse 31.13. Ce même Jacob qui, alors qu’il a posé sa tête sur des pierres, rêve d’anges montant et descendant d’une échelle, ou plutôt d’ « intercesseurs  ». Genèse 28.10. Rappelez-vous on en a beaucoup parlé de Jacob dans ma vidéo ST2.

Construction du tabernacle - LuaKiNi (un trou est un trou …)

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Enfin, la dernière institution « religieuse  » d’importance à Hawaï est celle de la construction du Luakini, qui était, aux dires de Serge, P141

...un temple de guerre […] que le roi dressait lorsqu'il s'apprêtait à combattre un autre monarque ou lorsqu'il se sentait menacé. Le souverain pouvait aussi ériger un luakini pour faire fructifier les récoltes. En cas de construction neuve, et non de simple rénovation, le kahuna […] expert en sites et plans, donnait son avis. Des hommes étaient levés parmi les commensaux du roi […] et les chefs. La durée des travaux dépendait de l'efficacité du rite propitiatoire […]. La sculpture de certaines statues incombait à des chefs particuliers.

La Bible raconte elle-aussi la construction d’un temple par des chefs, coordonnée par un Cohen, ou un prêtre expert en sites et plans – le MiShKaN ou tabernacle – Sha KaNa. LuaKiNi. KaHuNa. KaNe. Ce rapport entre construction et fête, on l’a d’ailleurs déjà croisé dans ma vidéo ST2, sur le restaurant qui se co-construit à chaque saison, vous vous rappelez ? Oui, la même que celle où je vous parlais des pierres dressées de Jacob.

Et bien à Hawaï, le Luakini est lui aussi un restaurant qu’on restaure, où s’y déroulaient de véritables hécatombes P342 :

 800 porcs étaient cuits pour les prêtres disposés aux deux bouts de la mana et 400 servis aux officiants des deux extrémités du temple. L'hécatombe se poursuivait et le kahuna demandait des terres au roi.

On est bien dans le Lévitique et ses sacrifices à répétition. Par ailleurs

Un trou « lua kini  » […] se trouvait à l'intérieur de la tour des oracles […]. Ce trou, […] dans lequel étaient jetés les restes des corps sacrifiés, porte le nom de luapau, trou humide, expression désignant tout lieu de destruction.

Les corps en question étant soit des animaux, en particulier des cochons, soit des humains – car le sacrifice humain était pratiqué à Hawaï en période de grand danger. Et, bien sûr, le tabernacle lui aussi avait une zone de déchets où l’on entassait et brûlait les restes des sacrifices.

Pulsion idolâtre

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Enfin, P150 « Lorsque peuple et prêtres se rendaient compte que les rites du luakini étaient bien conduits, leur confiance en la stabilité du gouvernement les poussait à édifier d'autres lieux de culte […] favorisant les pluies et la croissance végétale » - où l’on retrouve cette pulsion idolâtre qui « pousse  » les hommes à courir vers les pierres dressées évoquées par la sourate Al Maarij, 70.43 que je viens de vous citer, et qu’on retrouve dans la première épitre aux Corinthiens, 12.2 « Quand vous étiez païens, vous le savez, vous étiez entraînés irrésistiblement vers les idoles muettes.  »

Rituels de fécondité végétale (et humaine) – Prières pour la pluie (et la mouille)

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Serge raconte ensuite comment les dignitaires se purifiaient pendant les nuits où la lune décroissante tardait à se lever, en construisant des abris temporaires couverts de liane – des sortes de Souccah, ces cabanes que les juifs construisent chaque automne et d’où pendent des fruits. Cette évocation de la fertilité végétale se retrouve aussi dans les cabanes Hawaïennes, puisque les femmes y chantaient une prière à Lono le dieu de la fertilité : « Fais tomber les pluies bienfaisantes, O Lono, La pluie de la vie, don précieux  ».

On retrouve là le motif de la pluie bienfaitrice qu’on a évoqué chez les SheReNTe – et qui est bien sûr central dans le Coran, où la pluie est associée à la Providence divine – tout comme la Providence et la Prospérité sont centraux dans les rituels Hawaïens. Mais revenons à notre rituel Hawaïen, le Prêtre enduit d’argile rouge s’approchait de l’autel et faisait une prière à Lono :

 O Lono du ciel bleu. Voici des légumes, de la viande, une prière, un sacrifice, un don de grasses choses ! Rends florissantes les récoltes de cet ahapuaa.

De nouveau cette obsession de la fécondité et de la fertilité, sur lesquelles je reviendrai en long et en large.

Je me contenterai pour le moment de citer ce verset de la Sourate An Nahl 16.10:

C’est Lui qui, du ciel, a fait descendre de l’eau qui vous sert de boisson et grâce à laquelle poussent des plantes dont vous nourrissez vos troupeaux. D’elle, Il fait pousser pour vous, les cultures, les oliviers, les palmiers, les vignes et aussi toutes sortes de fruits. Voilà bien là une preuve pour des gens qui réfléchissent.

Oui – mais qui réfléchit vraiment ?

Cette même obsession Hawaïenne et Coranique pour la fécondité et la fertilité n’est bien sûr qu’un cache-sexe – car c’est bien du féminin qu’il s’agit. Serge ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lorsqu’il fait un rapprochement entre le nom du « tabernacle  » P341, le Lua Kini, et celui de la fosse où finissaient les débris, en notant que « ce trou humide évoque le sexe féminin  » tandis que la peinture rouge dont s’enduit le prêtre est « féminin par définition. L’ocre colloïdale soluble dans l’eau signale le danger sexuel. Le rouge du poisson-cochon évoque la femme menstruée associée au cadavre  ». Où on retrouve la place centrale de la menstruation dans les rituels dont je vous ai longuement parlé dans S4. Serge conclut justement en nous révélant le sens caché du « cérémonial du luakini […]: l'homme croit dépasser la fécondité féminine en instaurant son emprise fantasmatique  ». Comme toujours. Il n’y a jamais rien eu de nouveau sous le soleil.